Responsabilité sociétale des entreprises : un long parcours du "combattant"...


Economie


12 novembre 2020

Depuis une cinquantaine d’années, les entreprises sont obligées de prendre en considération leur environnement écologique, social et économique

Dans le courant des années 60, lorsque l’opinion publique a pris - encore timidement - conscience des dégâts causés par une activité humaine en forte accélération, les entreprises ont été incitées à mettre en place la RSE, acronyme de Responsabilité Sociétale des Entreprises. Il ne s’agissait encore que d’un concept assez vague, théorisé par des chercheurs, et mis en lumière sous la pression de groupes écologiques et humanitaires, dont les objectifs étaient de prendre en compte les enjeux environnementaux, sociaux, économiques et éthiques de nos activités.
En France, les loi Grenelle I de 2009 et Grenelle II de 2010 ont renforcé les devoirs des entreprises en matière de RSE, sanctions éventuelles à la clé. Elles les ont étendus aux sociétés non cotées, imposant notamment transparence, vérifiabilité et certification par un tiers indépendant.
Auparavant, la loi sur les nouvelles régulations économiques de 2001 exigeait déjà des entreprises cotées des informations relatives aux conséquences sociales et environnementales dans leurs rapports annuels. C’est ainsi que les grandes industries réputées polluantes - énergie, chimie, textile etc. - ont été obligées de revoir leurs pratiques.

Des entreprises azuréennes distinguées

En Sud-Paca et dans les Alpes-Maritimes, des initiatives sont mises en place pour développer ces bonnes pratiques au sein des PME. Comme les "Trophées RSE Provence Alpes Côte d’azur" qui récompensent les organisations de cinq salariés et plus, qui ont à cœur de mettre l’homme, l’environnement, la territorialité et les parties prenantes au centre de leurs préoccupations et de façon transversale. Chaque année, la CCI Nice Côte d’Azur organise le concours départemental qui a déjà récompensé Jean Gazignaire, GSF Jupiter, l’hôtel Martinez, Saphelec etc. La RSE n’a cessé de prendre de l’importance, à mesure du développement des réseaux sociaux, caisse de résonance de la réputation des entreprises. Ces dernières y sont sensibles, notamment dans le numérique où une fragilité d’image ne pardonne pas. "À l’insu de son plein gré", Mark Zuckerberg est obligé de revoir régulièrement les règles du jeu sur Facebook tandis qu’Amazon, qui bénéficie de la crise sanitaire actuelle, a été tancée au sujet des conditions de travail "offertes" à ses employés dans ses bases logistiques, contrainte à revoir ses process et à améliorer les rémunérations.
Ce que Bercy résume par : "En adoptant des pratiques plus éthiques et plus durables dans leur mode de fonctionnement, (les entreprises) doivent pouvoir contribuer à l’amélioration de la société et à la protection de l’environnement. Énoncé plus clairement c’est (leur) contribution aux enjeux du développement durable".

La RSE intègre donc la gouvernance de l’organisation, les droits de l’homme, les relations et conditions de travail, l’environnement, la loyauté des pratiques, les questions relatives aux consommateurs, les communautés et le développement local. Elle permet d’impliquer les institutions représentatives du personnel dans les discussions sur les enjeux, de promouvoir le développement durable, de soutenir le développement de labels permettant de donner une reconnaissance aux bonnes pratiques sociales et environnementales, etc.

Une importance accrue au fil des années

Autant d’exigences inscrites dans la loi comme celle du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte qui renforce les obligations de reporting en matière d’enjeux climato-énergétiques, d’économie circulaire et de gaspillage alimentaire. La France a aussi transposé la directive européenne relative au "rapportage extra- financier" (ordonnance du 19 juillet 2017). D’autres textes renforcent les obligations : la loi du 9 novembre 2016 en matière de lutte contre la corruption, loi du 27 mars 2017 sur le devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d’ordre.
"La RSE, et sa dimension sociale, prend davantage d’importance, dans une sorte de logique, avec le développement du télétravail" explique Benoît Serre, vice-président délégué de l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH), dans un article du Monde (04/11).
Et vous, où en êtes-vous dans votre entreprise ?


Jean-Michel Chevalier