#BalanceTaBulle : le dessin pour dénoncer les violences sexuelles


Economie


16 novembre 2020

A chacun son moyen d’expression pour faire parler sa colère et raconter son histoire

62 auteures de bandes dessinées associent leurs coups de crayon dans un album qui vise à illustrer et dénoncer les violences sexuelles subies par les femmes.

La lutte contre les violences sexuelles n’est pas encore finie. Depuis quelques années et les débuts du retentissant mouvement #MeToo, les langues se délient, les témoignages pullulent et visent, lentement mais surement, à faire reconnaître ces crimes. C’est d’ailleurs durant cette période que née l’idée de #BalanceTaBulle. Publiée chez Massot Editions, cet ouvrage est à l’initiative de Diane Noorim, auteure et éditrice de bandes dessinées. Touchée par ces histoires qui la ramènent à une expérience vécue -un attouchement sexuel par un médecin lorsqu’elle avait 25 ans- et qui la marqua pour toujours, elle décide de briser le silence des violences en un format unique : en bandes dessinées. Mue par cette idée, Diane Noorim contacte alors des dizaines de femmes bédéastes, afin de proposer un ouvrage inédit, condensé d’histoires vraies relatant de sordides expériences crues, difficiles et douloureuses, vécues par leur dessinatrice. «  Parmi toutes les femmes que j’ai contacté, une seule m’a dit qu’elle n’avait jamais vécu une telle expérience », explique Diane Noorim, dans un entretien avec Le Figaro.
Parmi les auteures témoins, des dessinatrices anglophones, majoritairement méconnues en France, à quelques exceptions près telles qu’Aline Kominsky-Crumb et Emil Ferris. Mais qu’importe, ces histoires sont universelles.

Des « putains de guerrières »

Il y a toutes ces agressions sexuelles vécues dans la rue, dans un bar, au bureau : l’état d’absence, l’impossibilité à se concentrer sur quoi que ce soit et le stress que l’on ressent après coup, sous le crayon d’Ebony Flowers. Les proches qui ne soutiennent pas, pire, dont la réaction peut être pire que le viol. Les policiers qui rient au nez. Les souvenirs qui hantent parfois aussi les enfants des victimes de violence intrafamiliale. Comme Avy Jetter, qui se souvient de sa mère enceinte tabassée par son beau-père. Des métaphores, comme celle des chars d’assauts, utilisé par Marian Henley, ou celle des tulipes de Laura Yerkes, permettent de montrer, subtilement -quoi que-, les émotions et états d’âmes des victimes. Parce qu’après tout, comme le dit Miss Lask Gross dans la BD qui ouvre l’ouvrage, les femmes sont des « putains de guerrières ».


Julie Biencourt