Le coronavirus, accélérateur de la numérisation de notre quotidien


Economie


7 décembre 2020

Comme c’est le cas dans toutes les crises, les tourments nés de la Covid-19 ont déjà participé à la restructuration de nos modes de vie. La transformation numérique, c’est maintenant !

Politique, sociale, économique, sanitaire, générationnelle, familiale..., la crise a plusieurs visages. Elle est tantôt systémique, tantôt de portée restreinte, questionnant alors la place de l’individu au regard du collectif dont il est supposé être une part. En dépit de leur particularisme, ces moments de désordre ont un point commun : ils font bouger les lignes. Ils appellent des leçons, des adaptations, des accélérations... que d’aucuns qualifieraient de bienfaits. En nourrissant notre regard sur le passé, la crise nous oblige à une nouvelle considération du futur. Voire du présent. L’épidémie de Covid-19 laissera dans nos mémoires comme dans les livres d’histoire la trace d’une douleur aux dimensions sanitaires et économiques sans précédent. Mais elle sera inévitablement associée au nouvel ordre qu’elle aura fait naître en conférant au numérique une place croissante dans notre quotidien.
Evidemment, la digitalisation de nos activités ne date pas de l’apparition du coronavirus dans une province chinoise l’an dernier. Mais la crise sanitaire a joué un rôle d’accélérateur que personne ne conteste. Du recours au e-commerce en période de confinement à la ritualisation du télétravail en passant par la télémédecine ou encore la numérisation des formalités administratives, le monde de demain, en construction avant la Covid-19, se présente dès aujourd’hui à nous. Et même le "Mammouth", à travers une école à distance aussi méritante qu’imparfaite, fait preuve d’une certaine agilité.

Six ans de gagnés !

La transformation numérique des entreprises est déjà au cœur de l’économie de l’après-crise. Selon une étude américaine réalisée l’été dernier auprès de 2 500 décideurs dans le monde, dont 300 en France, les relations commerciales s’appuient de plus en plus sur la communication digitale. Elle est au niveau qui aurait dû être le sien dans 6 ans (6,7 ans en France).
71% des grandes et moyennes entreprises françaises ont récemment précipité leur stratégie numérique, un chiffre proche de la moyenne européenne (75%). C’est ce qui ressort d’une étude du géant des technologies Dell. Les efforts ont d’abord été portés sur l’organisation du télétravail et la cybersécurité.
Mais dans les structures de petite taille, l’existence digitale est encore loin d’être une réalité. C’est le cas des commerces, qui ne sont que 33% à s’être lancés. D’où ce fonds de 100 millions d’euros annoncé il y a un mois par le gouvernement pour les inciter et les aider. Les soutiens à la digitalisation sont multiples. Des collectivités aux chambres consulaires, les initiatives d’accompagnement témoignent de l’importance des enjeux, qui resteront d’actualité une fois l’épidémie derrière nous.
Le plan de relance a prévu 7 milliards d’euros pour le numérique, dont 2,3 milliards pour la transformation de l’Etat et des PME.

Illectronisme

Numériser l’économie, c’est bien. C’est même incontournable. Mais le mouvement doit s’accompagner d’une généralisation de l’accès au très haut débit. Et ne pas oublier que la fracture numérique est une réalité dans notre pays. L’Insee avait en effet révélé l’an dernier que l’illectronisme touchait pas moins de 16,5% des Français, parmi lesquels une majorité de plus de 70 ans. Mais pas seulement... Pour connecter ces "exclus", le plan de relance a programmé 250 millions d’euros. Une enveloppe qui n’est pas à la hauteur des besoins. C’est du moins ce qu’estime une récente mission d’information du Sénat, qui évalue la nécessité du soutien public à 1 milliard d’ici 2022. Intelligence artificielle, robots, exploitation des données de masse, 5G, fibre optique..., la révolution est en marche, poussée par la Covid-19. Et l’industrie prend le train à travers une automatisation des tâches qui s’accélère. A l’échelle de la planète, cette mutation plus rapide que prévue pourrait détruire 85 millions d’emplois, selon une étude réalisée pour le Forum économique mondial. Mais aussi en créer 97 millions liés aux nouvelles technologies, ce qui instaure de nouveaux impératifs en matière de formation (300 millions d’euros y seront alloués dans le cadre du plan de relance). Effet Covid, les salaires ont grimpé de 8,5% dans les métiers du digital entre 2019 et 2020 en France.
A bon entendeur..


Jean PREVE