Il y a sans doute des fact-checking qui se perdent quelque part...


Economie


18 décembre 2020

L’edito hebdo de notre directeur de la rédaction c’est ici et maintenant !

Parce que le Brexit est, sans aucun doute, outre-Manche un problème mineur qui ne risque que de tournebouler l’économie et de créer quelques centaines de milliers de chômeurs en plus, nos voisins britanniques ont maintenant trouvé un sujet de polémique et de discorde à la mesure de notre époque et de leur royaume.
Je veux parler, bien sûr, de la dernière saison de la série "The Crown". Elle met en colère Elisabeth et fait tousser Charles. Ils y sont présentés comme des personnages assez machiavéliques, à des années-lumières de la lumineuse Lady Di.
Il n’appartient pas, bien sûr, au citoyen d’une République malmenée de juger du bien-fondé des traits de caractère allégués à sa Gracieuse Majesté et à son fiston appelé à monter rapidement sur le trône (les couloirs de Buckingham bruissent actuellement d’un possible renoncement de la reine qui s’apprêterait à passer la couronne à un gamin de 72 ans).
Avec cette saison plutôt décoiffante de cette série so british, les gazettes - et même les plus sérieuses - tiennent là un sujet qu’elles décortiquent dans ses moindres détails. Alors que les mensonges les plus éhontés ont été proférés pendant la campagne électorale du Brexit, sans que cela ne semble émouvoir grand monde, les spécialistes de la spécialité qui "suivent" la famille royale se livrent à moult fact-checking. Dieu merci, ils sont là pour rappeler une vérité historique aussi importante que la "vraie" coiffure de Di le jour du nouvel An 1992 ou la couleur de sa tasse de thé préférée. Car ces gougnafiers du cinéma ne s’encombrent pas de ce genre de détails.
Il serait en effet dommageable que la jeunesse d’aujourd’hui, qui évidemment n’a pas connu cette période "en direct", prenne pour penny comptant ce qui est représenté de l’histoire de la Royal family en regardant "The Crown". C’est pourquoi Buckingham a voulu imposer, sans succès, le bandeau "fiction" à l’ouverture de chaque épisode.
Autant de précautions n’ont pas été prises lorsque Boris Johnson parlait du Brexit afin de s’emparer du 10 Downing Street...

Et nous, de ce côté-ci de la Manche ?

À quand une série mettant en scène notre vie publique depuis De Gaulle jusqu’à Macron ? Il y a matière à des épisodes croquignolets : le "je vous ai compris", l’attentat de la rue de l’Observatoire, les avions renifleurs, le sabordage du Rainbow Warrior, la dissolution de Chirac, le sympathique
Khadafi plantant sa tente en plein Paris à l’invitation de Nicolas
Sarkozy, François Hollande faisant du scooter rue du cirque, le maintien de l’ordre selon Christophe Castaner, la gestion de l’épidémie... Les sujets ne manquent pas, les occasions de rigoler non plus...
Notre histoire récente fournit une matière inépuisable, tragi-comique, plus riche que ce que pourraient imaginer des scénaristes inspirés. Mais pour réussir cet hypothétique grand œuvre en 18 saisons et 250 épisodes pour l’édification des générations futures, il faudrait ces qualités bien anglaises dont nous sommes, hélas, assez dépourvus : un petit grain de folie et un gros sens de l’humour.


PS : Proverbe de cette fin d’année : "Jean Castex à la télé, les stations de ski restent fermées".


Jean-Michel Chevalier