Construction : les ingénieurs locaux bâtissent leur avenir avec le SIC 06


Economie


18 décembre 2020

Le tout nouveau SIC 06, syndicat d’ingénierie de la construction, fédère les pros du secteur dans les Alpes-Maritimes. Avec l’objectif d’améliorer leur accès à la commande publique.

Dans les Alpes-Maritimes, les bureaux d’ingénierie spécialisés dans la construction sont souvent de petite taille. Une réalité qui pénalise leur accès aux marchés publics. Et qui prive l’intérêt général de leurs compétences pluridisciplinaires, fondées sur une parfaite connaissance du territoire azuréen.
Pour donner davantage de poids à ces structures et leur permettre d’apporter leur pierre à la sauvegarde de l’économie et de l’emploi, le SIC 06 a été créé en novembre à l’initiative d’un duo de professionnels : Frédéric Gérente, directeur général de Sol-Essais et président d’Aster BTP, et Didier Tosello, gérant d’ICTP. C’est à ce dernier qu’a été confiée la présidence du syndicat, tout comme la tâche de répondre à nos questions.

Didier Tosello, gérant du bureau d’études ICTP à Saint-Laurent-du-Var, préside le SIC 06. DR J.P

Pouvez-vous nous en dire plus sur la genèse et la vocation du SIC 06 ?

- Les TPE et les PME qui interviennent dans le secteur de l’ingénierie de la construction sont confrontées à des difficultés croissantes. Sans réaction, la filière locale était menacée de disparition. Nous avons donc pensé qu’il était important de regrouper un maximum d’acteurs dans un syndicat pour promouvoir tous ces professionnels et faire entendre leur voix. L’enjeu est de leur permettre de bénéficier eux-aussi de la commande publique.

Quelles sont les causes de ces difficultés ?

- Elles tiennent à la combinaison de plusieurs facteurs parmi lesquels la réduction du nombre de donneurs d’ordre ayant recours à la commande publique. L’élargissement du territoire des établissements publics de coopération intercommunale est un frein. Un unique donneur d’ordre en remplace alors plusieurs. À cela, il faut ajouter une baisse des investissements et la prolifération des structures publiques ou parapubliques, de type société d’économie mixte ou société publique locale, qui créent encore plus de concurrence. Et il ne faut pas oublier de citer la mauvaise appréhension des contraintes posées par le code de la commande publique par les acteurs publics locaux.

C’est-à-dire...

- La règle de l’allotissement est loin d’être rigoureusement appliquée. Trop nombreux sont les acheteurs publics qui favorisent des relations contractuelles d’ampleur et longues, ce qui rend quasiment impossible la sélection des petites et moyennes entreprises. Le recours aux marchés à bons de commande et aux accords-cadres mono attributaire est ainsi trop fréquent.

Vous vous sentez oubliés ?

- Oui, car nous ne notons pas de politique publique en faveur de la sphère économique locale. Nous entendons parler du "small business act", mais nous ne voyons pas ses effets. Dans le respect de la légalité et de la libre concurrence bien sûr, il est pourtant possible d’introduire une exigence de proximité dans la rédaction des appels d’offre. Histoire d’inciter les grosses entreprises à s’entourer de partenaires locaux. Certaines collectivités le font, ailleurs...

Avez-vous des arguments à opposer à la puissance des grandes entreprises nationales ?

- Notre propos n’est pas de nous opposer à elles, mais de montrer aux donneurs d’ordre qu’il y a sur leur territoire une vraie expertise qui ne demande qu’à être mobilisée. Elle concerne différents domaines d’activités : la sécurisation des falaises, les travaux maritimes et fluviaux, les routes et ouvrages d’art, les réseaux, les bâtiments... Et l’ensemble des missions d’ingénierie associées : géotechnique, hydraulique, topographique, diagnostic et instrumentation, assistance à maîtrise d’ouvrage, maîtrise d’œuvre, études d’exécution...

La tempête Alex a-t-elle pesé sur la création du syndicat ?

- Bien sûr, car la reconstruction va nécessiter d’importants investissements publics. C’est une opportunité pour nos entreprises, d’autant qu’elles ont pour elles la connaissance de notre relief, de nos cours d’eau... Ce savoir pourrait être un critère de sélection des offres imposé par les maîtres d’ouvrage, ce qui obligerait les grands groupes à nouer des alliances avec les acteurs locaux.

Combien de membres compte le SIC 06 ?

- Notre démarche a été immédiatement suivie par une vingtaine de sociétés, dont des agences locales de certaines grandes entreprises, ce qui représente environ 300 personnes. Nous ne poursuivons qu’un but professionnel et économique, en dehors de toute préoccupation politique.

Déjà des actions ?

- Une réunion avec les responsables de la commande publique à la Métropole Nice Côte d’Azur est prévue en début d’année 2021. Elle nous permettra de leur présenter les attentes et les missions du syndicat, qui est un outil jeune à la disposition de ses adhérents. Ce sont eux qui, en commun, définiront à l’avenir le meilleur moyen de l’utiliser. Des réunions similaires se dérouleront auprès des différents donneurs d’ordre : SMIAGE, Département, Région Sud…


Jean PREVE