Tri des déchets : encore quelques efforts...


Environnement


23 décembre 2020

Le tri des emballages ménagers et des papiers progresse dans la Région Sud. En 2019, chaque habitant a en moyenne permis à 53 kg de ces déchets de connaître un autre sort que l’incinération. Un poids en augmentation de 3,6% sur un an. Les emballages légers, qui représentent 13,7 kg de cette poubelle vertueuse, ont bénéficié de l’amélioration la plus notable (+8,3%), devant le verre (24,5 kg, soit une hausse de 6,3%). Le tri des papiers (14,8 kg) a quant à lui marqué un recul de 4,2%, une évolution logique dans le contexte actuel de réduction de la consommation.

Il y a donc du mieux dans les chiffres révélés récemment par Citeo (ex-Eco-Emballages), l’organisme chef d’orchestre de la collecte sélective en France, en lien avec les entreprises émettrices et les collectivités. Mais l’embellie ne doit pas faire oublier le retard pris dans le Sud-Est par rapport à la moyenne nationale, qui atteint 70 kg par habitant.
"Plusieurs raisons peuvent être évoquées", indique Christine Leuthy-Molina, directrice régionale de Citeo. "Globalement, les métropoles sont moins performantes que les villes moyennes et la campagne, où la consommation est moins importante et le tri deux fois plus pratiqué. Et sur notre arc méditerranéen, nous avons trois métropoles, qui concentrent 90% de la population en zone urbaine dense. Le manque d’espace y est un frein, car le développement urbanistique n’a laissé que peu de place à la gestion des déchets". L’attractivité de la région doit également être prise en compte : "Nous accueillons plus de 31 millions de touristes qui ont parfois du mal à trouver les points d’apport volontaire, d’autant que les consignes de tri sont encore différentes d’un département à l’autre. Le nombre augmente inévitablement le taux d’ordures ménagères à traiter".

Tous les emballages dans le même bac

Christine Leuthy-Molina, directrice régionale de Citeo. © Citeo

Pour atteindre l’objectif de 75% de recyclage des emballages (65% pour les papiers) qui lui a été confié par l’Etat, Citeo s’appuie sur une stratégie orientée vers ce tissu urbain, qui fait office de maillon faible. "Une dynamique est en vigueur depuis 2015, car il nous reste beaucoup de tonnes à aller chercher dans les ordures ménagères des villes. Nous allons donc continuer l’accompagnement des plus grandes d’entre elles en leur proposant des appels à projet qui leur permettront de bénéficier de nos financements et de notre expertise pour améliorer le maillage de la collecte". Autres leviers : la sensibilisation, à travers des campagnes de communication, afin de toucher notamment "les urbains de moins de 40 ans, qui ne sont pas des trieurs systématiques". Et bien sûr la simplification du geste de tri, qui permet de rassembler dans le même bac tous les emballages en plastique (bouteilles, flacons, films, sacs, pots ou encore barquettes).
Cette possibilité n’est offerte, pour l’instant, qu’à un peu plus d’un habitant de la région sur deux. Mais elle est effective sur l’ensemble des Alpes-Maritimes depuis que Nice a rejoint le dispositif durant l’été 2019. "Nice a été la première métropole à cocher la case de la simplification. à Aix-Marseille, seule une petite partie du territoire est concernée du côté de Salon-de-Provence et pour Toulon, il faudra encore attendre les prochaines années", précise la directrice régionale de Citeo, qui rappelle que cet effet booster de la simplification des consignes ne peut s’accompagner que d’une modernisation des centres de tri. Cette attention a déjà été accordée au site de Cannes, vers lequel convergent tous les déchets jetés dans les différents bacs de tri du département (à l’exception du verre, qui est acheminé en Occitanie).

Les Alpes-Maritimes, terre d’innovation

Avec 56,7 kg de résidus voués au recyclage par habitant en 2019, les Alpes-Maritimes sont loin des 97,5 kg enregistrés dans les plus rurales Hautes-Alpes. Mais le bilan de notre département reste supérieur à la moyenne régionale, sans doute parce qu’il constitue "une terre d’innovation". Et Christine Leuthy-Molina de citer des initiatives avant-gardistes, à l’image des poubelles à compaction solaire installées dans les rues de Cannes pour répondre aux besoins de la consommation nomade. Ou encore le projet Cliiink de l’agglo du Pays de Grasse qui, grâce l’installation de colonnes de récupération connectées, offre aux citoyens des bons de réduction dans des commerces partenaires proportionnels à leurs apports de verre. "A Nice, nous venons d’achever une expérimentation avec la start-up Uzer, qui nous a permis d’ajouter à la motivation environnementale du tri des emballages une incitation à visée solidaire". En jeu au gré des efforts de tri, des dons aux Restos du Cœur. "Sur ces points de collecte, les chiffres ont doublé".
Citeo fait par ailleurs partie des partenaires du projet de l’association Earthwake, fondée notamment par l’acteur Samuel Le Bihan, qui est parvenue à mettre au point une machine transformant les déchets en plastique en carburant. A Puget-Théniers, les camions-bennes qui assurent le ramassage des ordures roulent avec cette énergie. Une première mondiale !


Jean PREVE