La mystification et le pangolin


Economie


24 décembre 2020

L’actualité de la semaine croquée par notre directeur de la rédaction

On ne sait pas trop si les onze millions d’habitants de Huwan ont mangé du pangolin ou s’ils ont été mordus par des chauves-souris. Le monde scientifique considère en tous cas que la pandémie mettant le monde au ralenti a démarré dans cette ville de la Chine centrale. Le paradoxe veut qu’aujourd’hui le berceau de la Covid-19 semble totalement débarrassé de cette cochonnerie et que la jeunesse locale a repris sa vie normale avec des soirées impressionnantes dans les boîtes de nuit, dans les concerts, dans les restaurants, dans tous les lieux "non essentiels" qui font le sel de l’existence.
En Europe, avons-nous loupé quelque chose pour enrayer le coronavirus ? Oui : un confinement total, sans attestation dérogatoire, que nos mentalités occidentales n’auraient pas accepté. À moins que l’on considère que les vidéos des "teufs" de Huwan relèvent d’une propagande aussi efficace que provocatrice, parce qu’entre nous, cela fait ronchonner de voir s’éclater les Chinois par qui tout est arrivé alors que nous en sommes encore à l’époque des couvre-feux...


Justement, au journal de France 2, pour le premier soir du nouveau couvre-feu, un reportage caractéristique de cette époque : on voyait dans une gare parisienne un quidam revenant de sa journée de travail se faire
verbaliser. Il était 20h05, et il n’avait pas eu le réflexe de remplir son attestation l’autorisant à rentrer "réglementairement" chez lui. En voilà de la bonne police ! Cela ne va pas redorer l’image de la force publique dans les chaumières. Mais cette prune va sans doute faire regretter au quidam de ne pas "profiter" tranquille-pépère à la maison du chômage partiel, ce qui serait moins bon pour l’économie du pays mais tellement meilleur pour son portefeuille...


Justement, une question se pose : y a t-il eu distribution de PV pour les invités qui ont participé la semaine dernière à un dîner à l’Elysée en ne respectant ni le nombre de convives, ni le couvre-feu, avec les conséquences que l’on sait sur la santé du chef de l’état ? Au Chili, le président Sebastian
Pinera, ayant fait un selfie sans masque qui a été relayé sur les réseaux sociaux, a écopé d’une amende de 2 900 euros. Honteux et confus, il a reconnu sa boulette, jurant mais un peu tard qu’on ne l’y reprendrait plus. Le bon exemple vient de loin...


D’ordinaire si mesuré dans ses propos, Charles-Ange Ginésy a surpris son monde vendredi dernier en taclant le président de la République. Le premier centime des aides promises par l’état après la catastrophe de la tempête Alex n’étant toujours pas arrivé, le président du Conseil
départemental a carrément parlé de "mystification". Sans doute a t-il été entendu, puisque le lendemain sur l’antenne de Radio émotion, le préfet chargé de la reconstruction Xavier Pelletier a annoncé "de bonnes nouvelles". L’État pourra avancer 25 millions d’euros d’ici la fin de l’année aux collectivités qui en ont fait la demande pour couvrir une partie des travaux engagés dans l’urgence. Cela fait penser à la chanson "On n’est pas là pour se faire engueuler" de Boris Vian : "C’qui prouve qu’en protestant, quand il est encor’ temps, on peut finir par obtenir des ménagements ".


Jean-Michel Chevalier