La Poste "dans le rouge" pour le courrier


Economie


4 février 2021

Comment se maintenir alors que la crise grignote chaque jour un peu plus votre principale activité et, surtout, que l’évolution des habitudes vous retire le tapis sous les pieds ?

C’est à ces questions, devenues des problèmes épineux, que La Poste se doit d’apporter rapidement des réponses, faute de voir ses comptes plonger dans le rouge écarlate…
Le groupe perd en effet chaque année un volume important sur le transport des plis, concurrencé par les mails d’internet qui sont gratuits, immédiats et… fiables. La crise sanitaire a encore accentué ce phénomène avec le ralentissement économique et le développement du télétravail. Or le courrier est longtemps resté la ressource principale de La Poste.
L’établissement a plusieurs obligations dans le cadre des missions de service public, dont celle de maintenir sur le territoire un réseau de 17 000 points de contact qui lui coûtent cher. Le courrier est resté une activité "rentable" jusqu’en 2017 mais a depuis plongé, ce qui devient une préoccupation avec un déficit de 800 millions environ en 2019 et du double l’année dernière.

La fin du six jours sur sept ?

À ce rythme, La Poste ne pourra pas continuer sans "béquilles" et elle débute des discussions avec l’état pour obtenir des compensations pour ses missions déficitaires de service public, comme en bénéficie la SNCF par exemple.
Évidemment, l’époque est peu propice à une ouverture des vannes financières, et les postiers proposent donc des aménagements de leurs missions pour faire des économies : distribution du courrier qui ne serait plus assurée que cinq jours sur sept, réduction du nombre des tournées, suppression du J+1, fermeture de bureaux pour les remplacer par des points contact, etc.
Tout est sur la table, rien n’est tranché. Bercy et la Caisse des Dépôts, actionnaire majoritaire, héritent d’un dossier socialement sensible à la fois pour l’emploi mais aussi pour les usagers, très attachés à la proximité du service postal.
Qu’il nous soit permis de douter que la situation du courrier s’améliorera si l’on dégrade encore plus sa distribution… Parce qu’aujourd’hui avec la Covid, et ce n’est pas de la faute de La Poste, il faut beaucoup de bonne volonté pour faire longtemps la queue devant le bureau pour acheter un timbre de plus en plus cher alors que le service rendu n’est pas meilleur…
Le groupe va présenter ce mois-ci les grandes lignes de son nouveau plan stratégique à horizon 2030. Dès que nous serons au courant, on vous affranchit...


Jean-Michel Chevalier