Dette : l’annuler, la rembourser, pendant combien de temps ?


Finance


15 février 2021

Le remboursement de la dette colossale accumulée depuis un an pose des questions

« Mourir pour des idées, d’accord, mais de mort lente » rappelle Georges Brassens. Le poète moustachu ne pouvait prévoir la crise du Covid, mais sa chanson illustre pourtant à merveille le problème du remboursement de la dette colossale que les pays ont accumulée depuis un an.

Il y a un précédent, qui laisse un cuisant souvenir : la crise de de 2008. Pour tenter d’en sortir au plus vite, les pays ont alors parié sur des politiques d’austérité pour compresser les dépenses publiques et ne pas creuser davantage une dette jugée mortifère pour les économies et pour l’avenir. Il fallait faire des économies. On a donc augmenté les impôts (et souvent réduit les effectifs, y compris dans le service public) pour tenir absolument les 3% de déficit budgétaire maximum…

Le débat a été vif, entre schématiquement une droite plutôt « orthodoxe » et favorable à une politique d’austérité pour limiter le déficit, et une gauche plutôt favorable à moins d’austérité et à des mesures de relance sur les ménages.

Dans la zone euro, où les deux visions étaient partagées, l’expérience a montré que les résultats n’ont pas été à la hauteur des espérances. L’austérité a grippé la machine, le chômage s’est envolé, le déficit est resté… Personne ne veut aujourd’hui commettre les mêmes erreurs. Le FMI temporise. La Banque Centrale Européenne soutient l’activité en prêtant à taux négatif, ce qui revient à dire qu’il n’y a aucune urgence à rembourser, du moins tant que les taux demeureront au plancher comme actuellement.

Des économistes plaident maintenant pour un abandon de la dette

La BCE détenant 25% de la dette commune, elle pourrait effectivement s’asseoir dessus ou la transformer en des prêts sans intérêt à très long terme, sur 50 ou 100 ans. Cela est bien sûr tentant mais pas si simple.

Car d’autres voix, tout aussi autorisées, dont celle de Bruno Le Maire, dénoncent cette solution de facilité : qui prêtera ensuite aux pays si la dette n’est pas remboursée ? Bonne question !

Les prochaines échéances électorales en France – surtout la présidentielle en 2022 – vont placer au centre du débat cette question de la dette. S’il n’y a pas urgence maintenant, il ne faut pas obérer l’avenir des prochaines générations. Les jeunes qui entrent aujourd’hui sur le marché du travail risquent de rembourser le « quoiqu’il en coûte » pendant toute leur vie professionnelle…


Jean-Michel Chevalier