Économie circulaire : Eurovia redonne vie aux déchets du BTP


Economie


19 février 2021

"La construction a besoin de six tonnes de matériaux minéraux par an et par habitant. Il s’agit là de la deuxième ressource naturelle la plus consommée après l’eau". Pour Christophe Jozon, l’économie circulaire n’est donc plus un choix dans le BTP. Elle devient une obligation. C’est d’ailleurs la direction prise par Eurovia, une filiale du groupe Vinci spécialisée dans la construction d’infrastructures de transport, dont il est le directeur des matériaux pour la France.

L’entreprise exploite des carrières et des usines, notamment d’enrobé, qui lui permettent d’alimenter ses chantiers. Mais elle gère aussi une filière de recyclage grâce à laquelle elle redonne vie aux déchets inertes issus de travaux en tout genre. Résidus des TP, gravats du bâtiments, rémanents des industries, des routes, ou des voies ferrées, sédiments de dragage, terres et même mâchefers, longue est la liste de ses sources d’approvisionnement. Eurovia s’est par exemple chargée de la récupération des 500 000 tonnes de matériaux extraits par le tunnelier engagé dans la création de la ligne 2 du tramway niçois, qui ont permis l’aménagement d’espaces logistiques sur le port de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Et c’est elle qui a également pris en charge les déblais du terrassement du vaste chantier d’Ikea.

Des produits normés

Grâce à cette ressource autrefois promise à l’enfouissement, 8 millions de tonnes de granulats recyclés sortent, chaque année, de ses 130 sites de production (des carrières et des plateformes dédiées) répartis sur le territoire national. Ils sont commercialisés sous la marque Granulat+ et destinés à trois types d’usage : les enrobés d’autoroute, les TP et les bétons. "Nous sommes leaders dans ce domaine, mais le moment est venu d’accélérer. Nous avons pour objectif de doubler ce tonnage d’ici 2030", souligne Christophe Jozon.
Pour y parvenir, Eurovia compte sur les 40 installations dont elle dispose dans la région PACA. Le plus souvent des carrières qui ont conservé, après rachat, leur nom d’origine. "Ce maillage nous permet d’avoir une offre de proximité", insiste Colin Bessait, directeur régional. Tous matériaux confondus, le groupe fournit 33% de la consommation de granulats en PACA, qui se situe à 24 millions de tonnes. Soit 8,1 millions de tonnes parmi lesquelles il faut compter aujourd’hui 1,7 million de tonnes en provenance du recyclage. "21% de nos ventes sont donc issues de la voie circulaire. La moyenne française est à 9%".

Pour atteindre ce niveau, Eurovia collecte

Restes de béton, gravats, déchets des TP..., récupération tous azimuts. DR J.P

3,3 millions de tonnes de déchets inertes dans la région. Et espère faire grimper ce volume à 5 millions grâce à un développement dans le Var. Pour l’instant, 800 000 tonnes sont récoltées dans les seules Alpes-Maritimes grâce aux différents sites d’une société filiale, SEC, qui a accueilli les débuts de la démarche, en 2005, sur sa carrière du Cloteirol, à Villeneuve-Loubet. "C’est là que tout a commencé", raconte Thierry Panaiva, directeur de SEC. "Ce lieu nous permet de réaliser nos appoints en extraction de roche calcaire, mais il constitue principalement un centre de recyclage de matériaux. Il a été, en 2011, l’un des deux premiers sites en France à normer ses matériaux CE2+, ce qui atteste qu’ils ont les mêmes caractéristiques techniques que ceux issus des carrières". Cette exigence de qualité a ouvert les portes de chantiers "au niveau d’exigence élevé". Et Thierry Panaiva de citer la fourniture de produits Granulat+ pour l’aménagement des parkings des avions de l’aéroport de Nice, pour la construction des voies du tramway dans la plaine du Var, pour des ouvrages de la SNCF...

Le Cloteirol, qui accueille 250 000 tonnes de résidus des TP et de la déconstruction, affiche des chiffres particulièrement vertueux. "Une fois déduites les 60 000 tonnes qui sont inintéressantes, car elles ne comportent quasiment pas de charge minérale, il nous reste 190 000 tonnes à traiter. Elles nous donnent 150 000 tonnes de sable, tout venant et ballast, mais aussi 30 000 tonnes à destination des bétonniers. Nous avons donc taux de recyclage de 95%".


Jean PREVE