"Made in France" : la roue tourne pour l’industrie du vélo


Economie


19 février 2021

L’essor du vélo attise les initiatives venues de l’Hexagone et c’est une bonne nouvelle !

L’explosion du marché redonne des couleurs à l’industrie du vélo. Si le "made in France" repose essentiellement sur du design et de l’assemblage, il crée des emplois. C’est déjà ça !

Nouvelle illustration du caractère singulier de cette année 2020 : le marché du vélo a explosé en France. Avec 3,3 millions de bicyclettes vendues, soit 700 000 de plus qu’en 2019, la filière a connu un millésime à contre-courant des vicissitudes de nombreux autres secteurs d’activité. Cette expansion est portée par une hausse des usages. Hors périodes de confinement, la fréquentation des pistes cyclables a en effet augmenté de 30% au plan national. C’est le chiffre fourni par une étude de l’association Vélo et Territoires, réalisée en lien avec le ministère de la Transition écologique et solidaire. Ponctuellement, le recours à la petite reine a pu être encore plus spectaculaire, comme ce fut le cas à Paris entre mi-mai et fin août (+67%). Si la tendance a aussi concerné les zones rurales, c’est bien sûr en ville qu’elle s’est avérée la plus significative, en particulier dans les grandes métropoles. La pandémie de Covid-19 est, on s’en doute, à l’origine de ce regain d’intérêt pour le vélo, qui apparaît encore aujourd’hui comme un moyen de s’affranchir des transports en commun, perçus comme de potentiels lieux de contamination. Autre facteur facilitant : la multiplication des pistes cyclables. Au déconfinement, quelque 500 kilomètres d’itinéraires réservés aux cyclistes ont par exemple été ouverts provisoirement aux quatre coins du pays. Une mesure qui s’est accompagnée d’une aide gouvernementale de 50 euros pour inciter les Français à réparer leurs vieux "biclous". Et à se remettre en selle.

Santé

La pandémie de Covid-19 est, on s’en doute, à l’origine de ce regain d’intérêt pour le vélo, qui apparaît encore aujourd’hui comme un moyen de s’affranchir des transports en commun, perçus comme de potentiels lieux de contamination. Autre facteur facilitant : la multiplication des pistes cyclables. Au déconfinement, quelque 500 kilomètres d’itinéraires réservés aux cyclistes ont par exemple été ouverts provisoirement aux quatre coins du pays. Une mesure qui s’est accompagnée d’une aide gouvernementale de 50 euros pour inciter les Français à réparer leurs vieux "biclous". Et à se remettre en selle. À ces ingrédients conjoncturels du succès du vélo s’ajoute un élément intemporel : ses vertus en matière de santé. Le pédalage diminue les risques de maladies cardiovasculaires, permet de lutter contre l’obésité, améliore les facultés respiratoires... Et tous ces bienfaits ne disparaissent pas avec l’utilisation d’un engin à assistance électrique, dont les effets positifs ont même été mis en évidence par le CHU de Grenoble lors d’une étude impliquant des personnes atteintes d’un cancer.
Un argument de plus pour le vélo à assistance électrique, qui cumule désormais près de 25% des ventes de bicyclettes. Mais 45% de la valeur du marché (2,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires avant la crise sanitaire). Entre 2015 et 2019, le prix moyen des vélos vendus en France a quasiment doublé, se situant au-delà de 560 euros.

Tension

Le boom de l’électrique, dont les modèles sont généralement plus chers, en est la cause principale. Mais si ce segment fait croître les tarifs, il n’est pas seul à participer à la tension du marché. La demande est telle que les délais de livraison se sont fortement allongés chez nombre de distributeurs. La production, le plus souvent localisée en Asie, a du mal à suivre. Et elle se heurte aux difficultés de transport liées à la crise sanitaire. D’où la tentation légitime d’une renaissance de la fabrication française. Un dessein pas si évident quand on sait que 95% des composants d’un vélo sortent aujourd’hui d’usines situées hors de l’Hexagone. Là encore, généralement en Asie. La filière a touché du doigt cette dépendance au lendemain de l’instauration de la prime gouvernementale à la réparation, qui a concerné 1,5 million de bicyclettes, créant une pénurie de pièces. Malgré cet écueil, l’essor du vélo attise les initiatives.
Même s’il repose davantage sur de l’assemblage que sur de la fabrication à proprement parler, le vélo français est une réalité. Des start-up, à l’image de Wello, sont par exemple engagées sur le créneau des vélos-cargos, dont la pertinence grandit en milieu urbain. Pionnière dans l’électrique depuis 2011, la marque Moustache Bikes a augmenté son potentiel de production et internalisé certaines activités dans ses locaux vosgiens, créant au passage une trentaine d’emplois. En Loire-Atlantique, la Manufacture française du cycle, première entreprise du secteur avec quelque 450 000 vélos assemblés en 2019, a tellement la "tête dans le guidon" qu’elle a dû augmenter ses capacités grâce à une aide de l’ État et de la Région Pays de la Loire. Bénéfice de l’opération : 166 embauches planifiées. Enfin un symbole, la célèbre marque Mercier, popularisée par les exploits de Raymond Poulidor mais disparue il y a vingt ans, va renaître dans les Ardennes. Et donner du travail à 270 personnes. La roue tourne !


Jean PREVE