Une guerre des sexes qui fait vraiment mauvais genre...


Economie


4 mars 2021

Si cela ne se vérifie pas toujours dans la vie quotidienne, en grammaire au moins le masculin l’emporte sur le féminin depuis le XVIIème siècle. Cette règle, qui était autrefois intangible et le B.A.BA de tout écolier passant le certif’, est de plus en plus remise en question par quelque-un.e.s. en cette époque de "MeToo" et de "Balance ton porc".
Au nom de la justice et de l’égalité des sexes, ils-elles souhaitent non seulement la féminisation des noms comme sénateur-sénatrice, mais aussi une inclusivité pour bien montrer que cela fait mauvais…. genre de tout cantonner au masculin.
C’est une étape supplémentaire de l’évolution de la langue après le disparition du
"Mademoiselle" qui paraît maintenant sexiste et déplacé à certain.e.s lorsqu’il s’agit de s’auto-désigner dans un formulaire, alors qu’à l’évidence on n’est pas un "Monsieur", non plus une "Madame" avec la bague au doigt, mais encore dans un heureux entre-deux où l’on n’a pas à supporter pour le meilleur et quelquefois pour le pire les chaînes du mariage.
Une soixantaine de sénateurs-sénatrices de la majorité viennent donc de déposer un projet de loi pour interdire l’écriture inclusive dans les documents administratifs. Qu’ils définissent comme "une pratique rédactionnelle et typographique visant à substituer à l’usage du masculin, lorsqu’il est utilisé dans un sens générique, par une graphie qui fait ressortir l’existence d’une forme féminine".
Chacun.e d’entre-nous pensera ce qu’il voudra du bien-fondé de cette initiative. Pour ma part, je me demande si, au moment où l’orthographe SMS a déjà remplacé celle de l’Académie, il est vraiment nécessaire de mobiliser le Parlement pour déterminer comment remplir un formulaire que notre phobie administrative inconsciente nous incline plutôt à jeter à la poubelle (en "présentiel" au pied du bureau ou "numérique" en bas à droite de l’écran d’ordinateur).
Après tout, ce n’est ni de la faute à Rousseau, ni de la faute à Voltaire si certains noms comme "bourrasque" ou "tragédie"sont toujours et obligatoirement féminins.
Alors, pour que midi ne sonne à 14 heures, et pour que la paix et l’harmonie règnent entre les deux sexes dans les chaumières, nous préférerons quant à nous appliquer la règle grammaticale qui veut que les mots "amour" et "délice" soient toujours masculines au singulier et féminins au pluriel…

PS : Je vous serais infiniment reconnaissant de ne pas mettre cette humble chronique sous les yeux de ma tendre épouse...


Jean-Michel Chevalier