Mandelieu-La Napoule, ville pilote de la pêche aux déchets


Environnement


10 mars 2021

En collaboration avec Pollustock, Mandelieu poursuit le déploiement de filet anti-pollution

"La lutte contre le coronavirus est une priorité, mais elle ne doit pas nous faire oublier les autres dossiers majeurs". Selon le maire de Mandelieu-La Napoule, la protection de l’environnement en fait partie. Et en la matière, "l’espace public doit être un laboratoire", a insisté Sébastien Leroy en dressant, le 8 mars, un bilan d’étape du dispositif en cours d’expérimentation sur sa commune pour préserver le milieu marin des déchets plastiques et des mégots de cigarettes venus de la terre.

"Au niveau mondial, 600 000 tonnes de plastique sont déversées chaque année dans les océans, dont 10 000 tonnes rien qu’en France". Pour l’élu, "il est urgent de passer à l’étape suivante", c’est-à-dire de tarir la peu vertueuse source de pollution "qui fait mourir le monde marin sans lequel l’humanité ne peut pas survivre".

Il y a un an, il a donc fait le choix d’installer, en divers lieux stratégiques, des filets visant à bloquer les polluants acheminés via les réseaux d’eaux pluviales. Des barrières physiques conçues et brevetées par une entreprise mandolocienne. "Elles sont positionnées en sortie d’émissaires, buses et avaloirs", explique Stéphane Asikian, fondateur de Pollustock.

Sébastien Leroy et Stéphane Azikian ont présenté les filets anti-déchets récemment déployés sur les exutoires d’eau pluviale débouchant sur les plages de Mandelieu-La Napoule. DR J.P

"La solution du filet peut paraître simple, mais elle est complexe, car elle doit répondre à deux enjeux : résister à la poussée hydrodynamique d’un réseau en pleine charge et supporter la masse des déchets".
Deux années de recherche ont donc été nécessaires à la mise au point des différents modèles capables de "pêcher" des résidus de tailles variables, sans pour autant compromettre l’écoulement des flux dans un secteur très exposé au risque d’inondation.

Les premiers résultats du dispositif sont probants et particulièrement instructifs

"Dans les zones naturelles, comme les berges de la Siagne, peu de déchets ont été captés", indique Sébastien Leroy. "Mais en centre-ville, nous avons observé une augmentation significative et même une explosion dans les zones commerciales, où un seul filet a récupéré en seulement deux heures de pluie plus de 500 mégots". La ville, qui a engagé à ce stade 25 000 euros dans son projet de protection, entend le faire "monter en puissance". 12 filets à maille fine ont en effet été installés récemment sur les plages. Et ils seront intégrés aux aménagements prévus dans le cadre des futurs travaux de réhabilitation du bord de mer. Plus tard, le maire ambitionne une interception de la pollution à plus grande échelle, soit directement dans les bassins versants. Particulièrement délicate à mettre en œuvre, cette perspective est néanmoins dans les cartons de Pollustock. "Les brevets sont en cours", indique son patron, qui estime être en mesure de poser des filets anti-déchets dans la Siagne d’ici la fin de l’année.


Jean PREVE