Uber en route vers le salariat


Droit


18 mars 2021

Les 70 000 chauffeurs britanniques de Uber sont désormais des salariés de l’entreprise

Un salaire minimal, des congés payés, des cotisations retraite at autres « avantages » accordés à des travailleurs : cette nouvelle n’est pas issue d’une gazette du XIXème siècle mais de l’actualité présente. Elle ne vient pas d’un pays pauvre plus ou moins en voie de développement mais de Grande-Bretagne. A son origine, la plateforme Uber, qui a accordé le statut de salarié depuis mercredi 17 mars à ses 70 000 chauffeurs qui roulent à gauche sur les routes du royaume.

Cette décision n’est pas tombée du ciel

Uber avait lancé une consultation auprès de ses chauffeurs après avoir été mis sous pression par la plus haute juridiction britannique, saisie par une vingtaine de « travailleurs indépendants » qui contestaient ce statut. Le 19 février, le tribunal estimait que les chauffeurs sont bien des travailleurs qui doivent bénéficier de droits sociaux, ce dont ils étaient privés par le modèle (ultra)libéral de la plateforme américaine.

Outre-Manche, le salaire minimum est de de 8,72 livres de l’heure (un peu plus de 9 euros) et un chauffeur Uber gagne davantage (17 livres à Londres selon le site). Mais le contrôle effectué sur le travail et le temps passé sur ceux-ci par les chauffeurs sur l’application justifie l’évolution de leur statut selon la juridiction.

Le modèle d’Uber, qui n’a toujours pas atteint l’équilibre économique, va donc être chamboulé au Royaume-Uni. La plateforme indique que ses chauffeurs s’étaient prononcés à la fois pour cette évolution et pour une flexibilité de leur job et de leur emploi du temps. Ce bouleversement n’atteint pas encore l’Europe continentale. En France, les chauffeurs des grosses limousines noires sont considérés comme des travailleurs indépendants même si la Cour de cassation a reconnu la qualité de salarié à un ancien conducteur en 2020.


Jean-Michel Chevalier