La flambée du Bitcoin annonce-t-elle une nouvelle bulle ?


Finance


19 mars 2021

Pas facile de bien comprendre cette hausse du Bitcoin et ses conséquences, décryptage !

Favorisé par les politiques monétaires mondiales, la crainte d’un retour de l’inflation et l’intérêt d’hommes d’affaires de renom, le cours de la cryptomonnaie atteint des sommets.

De quoi parle-t-on ? Si huit Français sur dix connaissent le bitcoin, moins d’un sur deux ne sait réellement ce qui se cache derrière ce terme. Pour faire simple, on peut dire que le bitcoin est une monnaie virtuelle, sans réalité physique, qui n’a donc donné lieu à aucune émission de billets et autres pièces. Il s’agit d’une cryptomonnaie qui n’a qu’une existence dématérialisée sous la forme de fichiers informatiques chiffrés.
Elle a été lancée en 2009 par Satoshi Nakamoto, un pseudonyme dont on ignore encore s’il est incarné par une ou plusieurs personnes. Le ou les pères du bitcoin ont imaginé une monnaie qui est indépendante des banques centrales et de toute institution. Mais elle a quand même ses règles. Les transactions avec des bitcoins sont sécurisées et archivées sur un registre numérique partagé sur internet. C’est ce qu’on appelle la blockchain.
La validation des transactions est assurée par des agents dotés de capacités informatiques surpuissantes, répartis aux quatre coins du globe. Pour leur action dans le fonctionnement du réseau, ces "mineurs" perçoivent une rétribution en bitcoins nouvellement générés. Particularité de cette cybermonnaie, elle ne reposera jamais sur plus de 21 millions de bitcoins. Aujourd’hui, 18,5 millions sont en circulation. Ils peuvent être utilisés comme moyen de paiement pour des achats en ligne.

Flambée

Le bitcoin a cependant tout de l’actif spéculatif. C’est ainsi qu’il est d’ailleurs considéré par nombre d’économistes. Depuis quelques mois, sa valeur ne cesse de grimper, au point de dépasser la semaine dernière le seuil des 60 000 dollars. Cette hausse du cours a deux principales causes. D’abord la crise sanitaire et plus précisément les plans de relance qu’elle suscite de la part des États, à l’image de celui qui a été décidé récemment par l’administration américaine. D’aucuns craignent désormais un retour de l’inflation face à laquelle la rareté du bitcoin fait de lui une valeur refuge.
Autre raison de l’envolée, la cryptomonnaie a bénéficié d’une promotion qui repose sur l’arrivée d’investisseurs de renom. Elon Musk a notamment acheté en début d’année pour 1,5 milliard de dollars de bitcoins. Et il a annoncé que Tesla proposerait prochainement à ses clients de régler leur voiture avec cette monnaie numérique. La plateforme de paiement en ligne Paypal a elle aussi décidé de l’intégrer à son système.

Ecologie

La flambée n’est pas sans conséquence au plan écologique. Et c’est un autre milliardaire, qui a fait fortune dans l’informatique, qui le dénonce... Selon Bill Gates, le processus de "minage", qui permet la validation des transactions, est le plus gourmand qui soit en électricité. L’Université de Cambridge a calculé que l’univers du bitcoin consomme plus d’énergie que l’Argentine !
Mais au-delà d’une empreinte carbone peu reluisante, l’écueil de la volatilité ne guette-t-il pas également la cybermonnaie ? De 30 000 dollars en janvier à 60 000 dollars en mars, la hausse est-elle bien raisonnable ? Une bulle est-elle en train de se former ? Depuis son apparition, le bitcoin a subi plusieurs corrections spectaculaires. La dernière a fait suite au pic de décembre 2017 découlant d’une forte médiatisation et d’un attrait marqué des particuliers. La monnaie digitale avait alors perdu 80% de sa valeur en onze mois.
Si certains experts regardent l’évolution fulgurante de la valeur du bitcoin comme une bulle, d’autres sont moins inquiets. C’est le cas par exemple de l’économiste Philippe Herlin. Interrogé récemment par France Info, ce spécialiste des sujets monétaires estime que le bitcoin n’est pas à considérer comme un simple actif spéculatif mais plus comme un écosystème "qui permet de construire des services financiers". Et d’évoquer, outre une fonction de "monnaie de transaction" et des "flux économiques réels", l’intérêt nouveau des investisseurs institutionnels : "Ce sont des gens qui mettent plus de temps à se décider, mais une fois que c’est fait, ils restent longtemps et ils ne vont pas s’enfuir dès que le cours connaîtra une baisse". A suivre...


Jean PREVE