Activité physique au bureau : tout le monde y gagne !


Economie


25 mars 2021

Vous êtes bien assis devant votre ordi depuis 7h ? Evidemment ce n’est pas bien, solutions !

"Nous passons une longue partie de notre vie au travail. Et nous y sommes de plus en plus sédentaires". Pour Odile Diagana, l’inclusion de l’activité physique dans notre temps professionnel fait partie des enjeux de santé publique de ce début de XXIe siècle. C’est d’ailleurs l’une des missions que s’est fixée Azur Sport Santé, l’association dont elle est la coordinatrice générale.

Le 18 mars, l’ex-athlète a rappelé aux adhérents de l’UPE 06 que des solutions sont à la disposition des entreprises, petites ou grandes, qui souhaiteraient voir leurs effectifs un peu plus actifs au quotidien. Et son collaborateur, Dusan Pjevac, de récupérer le témoin pour démontrer que, des dirigeants aux salariés, tout le monde gagne à bouger au bureau. Y compris l’intérêt général.

Odile Diagana, coordinatrice générale, et Dusan Pjevac, chargé de développement d’Azur Sport Santé. Cette association niçoise, agréée par l’Agence régionale de santé, constitue un centre de ressources et d’expertise dédié au sport-santé pour les Alpes-Maritimes et le Var. DR

En la matière, nous partons de loin. "L’évolution des métiers et de la technologie nous rend de moins en moins actifs et de plus en plus sédentaires", indique l’éducateur sportif, chargé de développement "sport-santé" au sein de l’association. En cinquante ans, notre activité physique journalière a été divisée par deux. Et même par huit depuis deux siècles. De quoi faire de ce changement sociétal, à l’origine de nombreuses maladies chroniques, "la première cause de mortalité évitable dans le monde, devant le tabagisme", selon une étude parue en 2012 dans la revue scientifique The Lancet. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique par ailleurs que 10% des décès en Europe découlent de cette inactivité, "alors que 30 minutes d’activité modérée chaque jour réduiraient de 30% le risque de mortalité".

Des bénéfices sur le corps et... le cerveau

Telle est donc la recommandation officielle, au moins cinq jours sur sept, idéalement étoffée de deux petites séances hebdomadaires de renforcement musculaire. Pour atteindre cet objectif, autant prendre l’escalier plutôt que l’ascenseur pour rejoindre son bureau, inclure le vélo ou la marche dans le temps de transport du domicile au travail... L’OMS conseille en outre de s’autoriser une pause active de 2 minutes toutes les 90 minutes, voire chaque heure pour compenser l’augmentation de la sédentarité observée avec l’avènement du télétravail depuis le début de la crise sanitaire.
"Nous savons aujourd’hui que l’activité physique adaptée et régulière limite les risques de maladies cardiovasculaires, d’hypertension et de diabète", souligne Dusan Pjevac. "Elle diminue le stress, prévient les troubles musculo-squelettiques (TMS) et augmente la concentration". Des recherches menées sur des souris à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) ont montré que les rongeurs les plus actifs sont aussi ceux qui possèdent le plus de neurones. Selon les scientifiques, l’oxygénation plus abondante de leur cerveau, en raison de l’exercice physique, favorise la neurogenèse. Et ils considèrent que le processus concerne également l’homme. Donc le salarié. à méditer...

Retour sur investissement

"87% des dirigeants ont entendu parler des bienfaits de l’activité physique dans l’entreprise, mais seulement 18% proposent une offre dans ce domaine". Quand on sait que les seuls TMS engendrent une perte annuelle de 10 millions de journées de travail, pour un coût supérieur à 1 milliard d’euros, on comprend qu’Azur Sport Santé veut sensibiliser les chefs d’entreprise aux bénéfices du maintien en forme de leurs collaborateurs. "En fonction des études, c’est un moyen de réduire l’absentéisme de
6 à 32% et de diminuer le turnover de 25%", mais aussi d’améliorer l’image de marque de la société et de "gagner entre 6 et 12% de productivité
". C’est pourquoi Dusan Pjevac parle volontiers d’un "intéressant retour sur investissement", l’évaluant entre 2,50 et 4,80 euros pour 1 euro investi. Selon lui, assurer le bien-être des employés doperait la croissance de l’économie française d’un point.
Si les entreprises ne passent pas à l’action, c’est souvent parce qu’elles ne jouissent pas de locaux adaptés. Ni de ressources humaines suffisantes. 27% d’entre elles verraient d’un bon œil la mise en place d’incitations financières pour les aider à se lancer. Et 15% estiment qu’un conseil extérieur leur serait utile. C’est justement l’une des cordes à l’arc d’Azur Sport Santé, qui a mis au point un programme d’accompagnement destiné aux entreprises, associations, collectivités... Baptisée "Je bouge + au travail", cette mission peut aller "de la simple action de sensibilisation", via une conférence ou une formation, à un suivi plus complet comprenant "un diagnostic du niveau d’activité physique des salariés, des freins, des leviers...". Et même l’élaboration d’un dispositif mobilisant des prestataires spécialisés dans le sport, l’alimentation, le sommeil ou encore la posture corporelle.

Une sorte d’épreuve combinée garante d’une meilleure qualité de vie.
Avec le bureau pour ligne de départ.


Jean PREVE