Vallées : « la machine France » se met en marche trop lentement…


Economie


2 avril 2021

« Quand la machine France se met en marche… ». La petite phrase de Jean-Pierre Vassallo, maire de Tende, a été reprise à l’envi après la tempête Alex tant elle résumait à elle seule le formidable élan de solidarité qui s’est manifesté dans les jours et les semaines qui suivirent. Elle a été prononcée à l’occasion de la venue dans les A-M du président de la République quelques jours après la catastrophe. Mais six mois plus tard, malgré la mobilisation générale, le compte n’y est pas pour Charles-Ange Ginésy. Le président du Conseil départemental considère même que « la promesse d’Emmanuel Macron (a été) chichement tenue… »

Des reproches non voilés, alors que le 7 octobre « Emmanuel Macron est lui-même venu parcourir les vallées de la Roya et de la Tinée. Il a alors promis, sans barguigner, une aide initiale de 100 M€ pour rebâtir nos vallées. En laissant même entendre qu’elle serait rallongée autant qu’il le faudrait par la suite… Et c’est précisément là que le bât blesse.
Six mois après ce drame, la colère est en train de nous gagner. Elle n’est ni feinte, ni politique. C’est un cri du cœur, l’expression de l’anxiété et du désarroi des sinistrés, que nous lançons ici 
 » a déclaré le président du Département, hier, lors d’un point de situation.
« Pour le dire sans détour, nous avons l’impression d’avoir été trahis. Du moins, en grande partie abandonnés livrés à nous-mêmes. La promesse d’Emmanuel Macron apparaît comme un trompe-l’œil. L’État n’a jusqu’ici soutenu la reconstruction de nos vallées qu’à hauteur de 26 M€, dont 10,8 M€ alloués au Département (aide au SMIAGE incluse). C’est bien trop peu, au regard de l’immensité de la tâche et des chantiers que nous avons déjà engagés ».

Le coût de la reconstruction est évalué à 352 M€ dans la Roya, 74 M€ dans la Vésubie, 5,2 M€ dans la Tinée, 12 M€ dans le Var/Esteron, rappelle Charles-Ange Ginésy qui, avec Eric Ciotti, sont toujours dans « l’incertitude sur l’engagement financier réel du gouvernement.
Pour l’exprimer crûment, nous avons la fâcheuse impression d’être les dindons de l’impéritie d’un État qui dissimule son incurie sous un paravent de promesses sans lendemain 
 ».

Alors qu’il faudra un milliard « au moins » pour la reconstruction des vallées, l’exécutif départemental en appelle à une vraie solidarité de l’Etat et de l’Europe car les investissements nécessaires dépassent les possibilités des collectivités locales.
Mais « le doute s’est insinué. Aujourd’hui, non seulement nous n’avons perçu qu’une infime partie de l’aide gouvernementale initialement promise. Mais, de surcroît, la confusion règne, à l’image du traitement de la crise sanitaire. Nous avons le sentiment que l’Etat ne joue pas son rôle de facilitateur. Qu’il est lui-même prisonnier d’un combat interne ».

Il faudra donc aussi reconstruire la confiance et à écouter le président Ginésy, ce n’est pas encore gagné…


Jean-Michel Chevalier