Immobilier : la transformation du palais "vénitien" de la rue Berlioz


Economie


2 avril 2021

Le nouveau projet immobilier est loin de faire l’unanimité dans le voisinage.

Pour les riverains de la rue Berlioz, c’est un bâtiment emblématique du patrimoine architectural niçois qui mérite d’être préservé. Construit en 1912, laissé à l’abandon pendant des décennies et s’étant depuis passablement dégradé, l’immeuble "Fratelli Branca" fait aujourd’hui l’objet d’un permis de construire accordé pour vingt logements. Il n’y aurait sans doute pas de vague dans le quartier si la façade - remarquable - était conservée en l’état, en tous cas moins retouchée. Mais ce projet immobilier, qui prévoit notamment une surélévation, est loin de faire l’unanimité dans le voisinage.

Il s’agit d’un vaste bâtiment à usage d’entrepôt et de présentation au public - aujourd’hui on dirait show room - pour la marque de liqueurs italienne. Les frères Branca ont fait bâtir ce bâtiment néo-gothique qui apparaît comme une sorte de palais vénitien hors lagune.
"Il constitue un des rares exemples d’un petit établissement industriel situé en cœur de ville et, ne serait-ce qu’à ce titre, il aurait mérité d’être sauvegardé dans son intégralité" écrit l’architecte des Bâtiments de France. Mais si la façade "point d’orgue architectural de cet ensemble" est protégée au Plan Local d’Urbanisme, elle n’est pas située "dans le champ de visibilité d’un monument historique".
Et donc finalement pas protégée.
Pour adapter cet immeuble aux usages de notre époque, le promoteur a prévu la réalisation d’une entrée de garage en façade. Même si elle est de dimensions limitées, elle fait tiquer les riverains : "cela porte une atteinte à l’esthétique de la façade sur la rue Berlioz alors qu’il est possible de créer un accès par l’arrière du bâtiment" déplorent ceux-ci.
Et ce qui passe encore moins, c’est le rehaussement de l’immeuble, ce qui l’alourdit et modifie son allure générale. "Toute son élégance aura disparu" ajoutent les riverains.
Évidemment, après des années d’abandon et situé dans un quartier stratégique de la ville, l’immeuble ne pouvait pas rester plus longtemps en l’état. Mais le traitement promis à cette architecture remarquable n’est pas sans rappeler des démolitions anciennes, et maintenant regrettées, comme celle du palais Ruhl.
Parmi les personnes du voisinage qui critiquent ce projet, Maître Jean-François Bonnet. Il considère que le trompe-l’œil prévu sur la façade n’est pas satisfaisant. "C’est un bâtiment remarquable qui mérite d’être conservé. Il fait partie du patrimoine niçois et devrait être mis en valeur au moment où la ville ambitionne justement un classement à l’Unesco".
Pas passéiste pour autant, l’avocat aurait bien vu une touche de modernité sur l’immeuble. Et quitte à le rehausser, "faire quelque chose qui rappelle le futur immeuble Iconic qui sera tout proche".


Jean-Michel Chevalier