Edouard Philippe tâte le terrain pour 2022


Politique


6 avril 2021

La sortie de son livre et son entretien au Point ont agité les réseaux sociaux la semaine passée

Vous vous souvenez des Guignols de l’Info et des réactions de la marionnette de Chirac lorsque quelqu’un parlait de la candidature Balladur ? « Chut, il va se monter le bourrichon ! » répondait, tout énervé, le grand Jacques. Les Guignols n’existent plus, en tous cas en marionnettes, mais la même situation peut se reproduire entre Emmanuel Macron et son ancien Premier ministre à la barbe fleurie, Edouard Philippe, qui pourrait bien y penser le matin en ne se rasant pas...

Car dans la majorité présidentielle, on commence à regarder avec suspicion le maire du Havre qui multiplie les signaux faibles – pour l’instant – afin de se rappeler au bon souvenir des Français. Dernier en date, la publication de « Impressions et lignes claires  », un livre a quatre mains coécrit avec avec le député européen Gilles Boyer. Et quelques interviewes distillées ça et là, pour tâter le terrain, et faire entendre sa petite musique.

Si Edouard Philippe est sorti essoré de Matignon comme tous les Premiers ministres, ce fut surtout par l’épuisement dû à la crise sanitaire. Car sa popularité et son image ont plutôt bien résisté à l’épreuve alors qu’il fut obligé de prendre des mesures impopulaires, à commencer par le confinement « dur » numéro 1. Il est reparti dans ses provinces avec l’image d’un véritable homme d’Etat.

Un charme tout britannique, fait d’humour et de raideur, une autorité courtoise mais réelle, et une volonté obstinée de paysan normand ont dressé de lui le portrait de l’homme sinon idéal du moins possible pour la magistrature suprême. L’entourage d’Emmanuel Macron en est bien conscient et s’en inquiète mezzo voce alors que le président traverse une période difficile avec cette crise. S’il se plante, si les vaccins ne sont pas au rendez-vous dans les temps, si le moteur de la « machine France » ne remonte pas très vite en puissance, si, si, si… alors tout sera possible, y compris dans son propre camp.

Le Juppéiste havrais le sait bien. Il attend son heure. Avec flegme, mais aussi avec gourmandise. Il a confié au magazine Le Point qu’il aime bien être « aux manettes, en responsabilité » et qu’il n’a pas renoncé « à la vie politique ». Tout est dit.

Lorsqu’il était Premier ministre, il a gardé dans son bureau son sabre d’officier d’artillerie. S’il ne fait guère de doute qu’un jour ou l’autre il sera appelé à s’en servir (au sens figuré bien sûr !), la question est surtout de savoir quand.
Dès 2022 ?


Jean-Michel Chevalier