Annuler tout ou partie de la dette des entreprises ?


Economie


16 avril 2021

Même dans ses rêves les plus fous, Geoffroy Roux de Bézieux, patron du MEDEF, n’aurait pas osé imaginer une annulation de la dette des entreprises. La question a pourtant pris de la consistance depuis que le ministre de l’Economie et des Finances a lui même évoqué ce sujet, conscient des difficultés rencontrées au quotidien par les entrepreneurs dont l’activité n’a pas repris normalement alors que des charges, elles, continuent à courir.

Bruno Le Maire a donc déclaré qu’il présentera « d’ici quelques semaines un dispositif de concertation et de conciliation » pour étaler ou annuler partiellement les dettes. Ce sera au cas par cas, en fonction de la situation de l’entreprise, après la consultation d’une commission spécialisée qui proposera un coup d’éponge, total ou partiel. Le but est d’éviter la disparition pure et simple au moment où, grâce aux progrès de la vaccination (11 millions de personnes) l’Etat veut booster la relance.

« Au ministère de l’Economie, on a tous les signaux d’alerte nécessaires, en liaison avec la Banque de France, pour savoir quelles sont les entreprises qui commencent à avoir un vrai problème d’endettement  » a expliqué le grand argentier invité sur le plateau de BFMTV. Les plus fragiles sont celles qui ont souscrit des emprunts autre que le PGE et dont elles ne peuvent pas honorer les remboursements faute de liquidités et de rentrées d’argent.

France 2 a ainsi montré dans son journal de 13 heures d’hier l’exemple d’un autocariste dont les véhicules restent au garage faute de travail et qui a déjà consommé les 100 000 euros empruntés au début de la crise. Dans son cas, sans effacement, c’est la liquidation à court terme.
Selon une étude du cabinet Altares, les défaillances d’entreprises sont en recul de 32,1 % sur un an au premier trimestre 2021 grâce aux aides mises en place et au recul des échéances fiscales et sociales notamment. Mais les tribunaux de commerce prononcent actuellement huit fois sur dix la liquidation. Une proportion jamais vue depuis très longtemps.
L’annonce de Bruno Le Maire va faire renaître l’espoir dans nombre de TPE-PME. Mais il y a urgence, car chaque jour qui passe, rend la situation encore plus risquée.


Jean-Michel Chevalier