Parfumerie : belle résistance en 2020, bon démarrage pour 2021


Economie


21 mai 2021

L’industrie des arômes et parfums se porte plutôt bien. Malgré un double effet de la crise du Covid-19. "La crise sanitaire a touché notre industrie d’une manière indirecte au départ avec la crise qui a commencé en Chine", explique Philippe Massé, président de Prodarom, syndicat national des fabricants de produits aromatiques, qui compte plus de 70 adhérents, dont 44 sur la Côte d’Azur. "La Chine est un pays fournisseur de nos industries pour de nombreux produits de synthèse aromatiques et il a fallu prendre en compte cette difficulté de ’sourcing’ avec la fermeture des ports chinois, des problèmes de transport aérien et maritime. Nous avons su gérer cette crise de manière extrêmement positive", a-t-il ajouté lors d’un webinar organisé le 12 mai par M Capital et la Caisse d’Epargne Côte d’Azur. "En 2020, nous avons vécu la crise directement en France et nous avons montré une certaine résilience. Nous avons eu un premier et un quatrième trimestre 2020 très positifs, avec une très bonne progression des exportations, que ce soit en parfumerie, en arômes alimentaires, ainsi que pour les produits naturels. Le premier trimestre 2021 est aussi conforme à cette belle résilience parce que pour les 13 sociétés leaders dans le pays de Grasse, nous avons atteint 376 millions d’euros, ce qui représente une augmentation de 2,3% par rapport au premier trimestre 2020. Parmi ces 376 millions d’euros, 271 millions ont été à l’export avec une augmentation très importante de l’exportation vers les Etats-Unis, de plus 32%".

"Un fort rebond"

"Je pense que le deuxième trimestre 2021 nous confortera dans cette position" même si "nous vivons toujours une période compliquée avec les problèmes politiques au Moyen-Orient", a poursuivi le président de Prodarom.
Avant de rappeler que certains secteurs ont été plus touchés que d’autres : "Nous avons eu un impact très important dans les compositions parfumantes en ce qui concerne le ’fine fragrance’ (parfumerie fine) par rapport à des catégories qui ont très bien marché, comme l’hygiène et les produits fonctionnels. Nous avons aussi des sociétés comme Fragonard, Molinard et Galimard, à Grasse, qui sont extrêmement impactées. Il n’y a pas de tourisme, il est impossible de visiter ces entreprises. Ces sociétés ont vécu une année 2020 et un début d’année 2021 très difficiles mais ont su avoir une certaine résilience aussi".
Christian Dussoulier, dirigeant du Groupe Neroli, composé de deux entreprises, Créations et Parfums et Floressence, se montre lui aussi "optimiste pour le futur de cette profession". "Nous avons été en difficulté avec le Covid mais cette filière a été peu touchée par rapport à d’autres activités et aujourd’hui nous connaissons un fort rebond", confirme-t-il.

Le retour des fleurs

"Nous avons dans le monde de plus en plus de gens qui accèdent à des produits parfumés, eau de toilette ou produits d’hygiène. Je pense que nous resterons encore pendant des années en forte croissance. Je pense vraiment que la parfumerie grassoise a un devenir", a ajouté Christian Dussoulier, dévoilant que son entreprise allait "développer l’année prochaine une filière matières premières naturelles qui nous semble essentielle. Parce que Grasse, c’est les compositions parfumantes mais c’est aussi les fleurs. C’était de plus en plus difficile avec le prix du foncier mais les municipalités sont en train de mettre à disposition des terres agricoles pour que nous relancions cette filière. Il y a une demande très forte vers les produits naturels".
Pour Christian Dussoulier, le Fonds tourisme Côte d’Azur, qui soutient également la filière parfumerie, est une "très bonne initiative pour aider les TPE et PME". Le Fond tourisme Côte d’Azur, lancé fin 2020 par la société de gestion M Capital en partenariat avec la Caisse d’Epargne Côte d’Azur, est un fonds de cofinancement de 60 millions d’euros. Il a été créé pour favoriser et accélérer la mise en œuvre de projets de création, de rénovation ou de reprise dans le tourisme. Les prêts peuvent aller jusqu’à 2,5 millions d’euros par projet.


Sébastien Guiné