La dangereuse politique de la tarte à la crème


Economie


18 juin 2021

L’edito hebdo du directeur de la rédaction pour bien finir la semaine !

L’histoire repasse toujours les plats, parait-il. C’est sans doute vrai. Les footballeurs se souviennent forcément de la "main de Dieu" qui permit à Diego Maradona de marquer contre l’Angleterre et de "venger" l’affront fait à l’Argentine quelques années plus tôt lors de la guerre des Malouines. Le geste était sans doute volontaire et assurément contre les règles du jeu. Mais sa force symbolique, le panache et le talent du Pibé en firent un moment de légende dont on parle encore plus de trente ans plus tard.
Rien de tel bien sûr avec Damien T., 28 ans, qui se permit de gifler le président de la République alors que celui-ci lui tendait la main pour le saluer. Il entre dans l’histoire par la porte de la honte : chacun a le quart d’heure de gloire qu’il mérite...point besoin d’épiloguer sur ce geste qui bafoue la République : cela en dit long sur une perte de repères et de valeurs chez certains. Mais tandis que dans les bars de Buenos Aires on commente encore avec admiration la carrière footballistique de Maradona, j’ai une pensée attristée pour les futurs petits-enfants de ce Damien T. quand on leur demandera si c’est bien leur papy qui, un jour sinistre de 2021, a balancé sans autre forme de procès une baffe à un président de la République.
Moins méchant, pas drôle mais tout aussi bête, l’enfarinage de François de Rugy et de Jean-Luc Mélenchon relève de la même violence imbécile et de la même volonté d’empêcher tout débat. Ce qui n’était pas le cas, il y a quelques années, avec l’entarteur et ses "attentats pâtissiers". Il entendait par ce geste iconoclaste dégonfler quelques ego surdimensionnés en portant, par exemple, atteinte à la coiffure impeccable et à la blancheur immaculée de la chemise de Bernard-Henri Levy qui fut pris plusieurs fois pour cible.

On fait les valises et on rentre à la maison : le pauvre Mali devra se débrouiller sans la force "Barkhane" et les 5 000 soldats français déployés dans les sables pour protéger les populations contre les exactions de groupes jihadistes.
En principe, l’Occident ne laissera pas tomber complètement le Sahel puisque les Européens et les Américains discutent en ce moment de l’aide à lui apporter. Cette retraite programmée, comme celle de Kaboul, est quand même loin de traduire une grande victoire politique et militaire contre des ennemis polymorphes et insaisissables. Ce repli de Barkhane signe incontestablement une victoire pour le camp adverse. Un vent mauvais souffle sur les écoles, les petites filles, la culture et tous ceux qui ne se soumettront pas à une dictature moyenâgeuse qui n’a de religieuse que le nom, et qui est plus proche de la barbarie que du paradis promis aux croyants.


Jean-Michel Chevalier