Région : la gauche se met aux ‘abonnés absents’


Politique


22 juin 2021

Jean-Laurent Felizia a finalement retiré sa liste, afin de faire barrage au RN

Pour la gauche et les écologistes, les élections régionales se suivent et se ressemblent. Pour la deuxième fois consécutive, et même créditée d’un score honorable de 17%, elle a choisi contrainte et forcée de se retirer du second tour afin de faire barrage au Rassemblement National.

Contrainte, au nom du principe « républicain »

Pour ne pas prendre le risque de faciliter l’élection de Thierry Mariani. Car si tel était le cas dimanche prochain, elle aurait par son maintien eu à en supporter le poids moral de la responsabilité.

Et forcée, parce que les instances nationales du Parti Socialiste et des Verts l’ont décidé ainsi, au nom des grands principes. Et plus prosaïquement en coupant tout financement pour le second tour à ses représentants en Paca…

Assez crânement et droit dans ses convictions, Jean-Laurent Felizia avait annoncé dès dimanche soir qu’il maintiendrait sa liste. Il n’avait pas dit « quoiqu’il en coûte » mais il semblait plus que déterminé à ce que sa famille politique ne fasse pas une nouvelle fois l’impasse volontaire de sa représentation à la région. Il y avait une logique, celle d’être le porte-voix d’un électeur sur cinq tout de même.

Mais sa position a été d’autant plus insoutenable que plusieurs de ses colistiers ont annoncé dès hier matin leur « retrait ». Ils ne voyaient pas l’utilité de se retrouver dans une opposition symbolique mais sans prise réelle sur les événements à venir à Marseille en cas d’élection de l’extrême droite. Des discussions, paraît-il assez musclées entre les ‘anti’ et les ‘pro’ retrait se sont déroulées, dans le camp Felizia.

Comme Christophe Castaner six ans auparavant, le leader de la gauche régionale a donc fini par jeter l’éponge après autant de pression de ses ‘amis’.

Le 27, on peut raisonnablement penser qu’une partie des « Feliziens » reportera leurs voix sur Renaud Muselier, fermant les yeux sur son appartenance à LR et à la droitisation d’une frange non négligeable de son électorat. Le président sortant aura l’obligation, au moins ‘morale’, de prendre en compte ce soutien, n’imitant pas en cela Jacques Chirac, qui n’avait eu aucune considération du soutien de la gauche après sa réélection contre Jean-Marie Le Pen.

Tout aussi opposés au RN, les écolos du centre de Jean-Marc Governatori devraient aussi se rallier dans ce ‘front républicain’ contre Thierry Mariani. La question est de savoir si cela sera suffisant dans cette lutte qui paraît très serrée et dont les absentionnistes (66% !) détiennent une partie de la solution.


Jean-Michel Chevalier