Medef : "Nous devons inventer le capitalisme décarboné"


Economie


27 août 2021

Lors de l’université d’été du Medef, organisée à Paris du 24 au 26 août, son président Geoffroy Roux de Bézieux a qualifié la transition écologique de "défi majeur", "notre combat à nous".

Geoffroy Roux de Bézieux a abordé beaucoup de sujets dans son discours d’ouverture de la Rencontre des entrepreneurs de France (REF), du pass sanitaire - auquel il est favorable ("le moins longtemps possible") - à la réforme des retraites, en passant par l’Europe. Mais "s’il y a bien un défi de taille qui nous attend, c’est celui de la transition" écologique, a assuré le président du Mouvement des entreprises de France. "La transition écologique, c’est le défi majeur auquel nous sommes confrontés. Mais je crois que nous ne mesurons pas encore complètement l’ampleur du changement qui nous attend tous. (…) Aujourd’hui, ce dont on parle c’est de tirer un trait complètement sur notre modèle de production tel qu’on le connaît depuis des siècles". Cela se traduira entre autres, selon lui, par la disparition de milliers d’entreprises et d’emplois. Geoffroy Roux de Bézieux a rappelé qu’avec le French Business Climate Pledge, lancé par le Medef en 2019, plus de 250 entreprises se sont déjà engagées pour décarboner leur production. "À nous d’entraîner maintenant toutes les entreprises de France. La solution ne peut pas être la décroissance comme le proposent certains. La solution passe par la croissance et l’innovation". Pour parvenir à
décarboner l’économie française, "nous avons un besoin absolument phénoménal d’électricité" et le président du Medef ne voit pas d’autre solution que le recours au nucléaire, "seule énergie qui peut nous la fournir sans carbone".

Responsabilité


"Nos prédécesseurs ont lutté depuis plus de 30 ans avec détermination pour la compétitivité des entreprises. Ce combat n’est jamais terminé mais notre combat à nous est d’un autre ordre : nous devons inventer le capitalisme décarboné", a-t-il affirmé face aux plus de 5 400 entrepreneurs réunis à l’hippodrome de Longchamp. Il avait débuté son allocution en expliquant le thème choisi pour cette nouvelle édition de la REF, baptisée "À l’air libre". La liberté a été, selon lui, "largement défigurée et pervertie depuis quelques mois". Après avoir cité le prix Nobel de littérature Bernard Shaw ("La liberté signifie la responsabilité, c’est pourquoi la plupart des hommes la craignent"), il s’en est pris à ceux qui "ont une vision égoïste de la liberté, qui est en fait une sorte de négation de l’autre". Le représentant des dirigeants a également fait un point sur la situation de l’économie en France, se félicitant de voir la plupart des indicateurs économiques au vert mais relevant aussi que des secteurs sont toujours en difficulté : l’hôtellerie, l’événementiel, l’aérien, les voyagistes, les salles de sport et de spectacles. "En réalité, le plus grand danger pour l’économie française aujourd’hui ce sont les pénuries de matières premières et, surtout, les difficultés à recruter", a-t-il estimé, tout en souhaitant "que l’État retrouve sa juste place" et "la fin du quoi qu’il en coûte".

Francophonie économique

Plus de 5 000 participants ont pris part aux débats des universités de rentrée 2021 du MEDEF. ©S.G

Enfin, il a évoqué les trois grands défis, en plus du "défi des défis" de la transition écologique, qui attendent le prochain président de la République : le financement de la protection sociale ("Il faut travailler plus et plus longtemps"), l’éducation ("C’est une démission collective depuis 30 ans dont il s’agit") et l’intégration ("Vaincre ce que le Général de Gaulle appelait le déchirement de la nation").
L’université d’été du Medef a aussi été marquée par l’organisation des premières Rencontres des entrepreneurs francophones, avec des délégations venues d’une trentaine de pays de quatre continents, dont des chefs d’Etat et de gouvernement ainsi que des ministres. L’ambition pour le Medef est de parvenir à "sceller une communauté francophone d’affaires unique au monde" alors que les pays francophones représentent aujourd’hui 16% du PIB mondial, avec un taux de croissance moyen de 7% (avant la pandémie de Covid-19). Les organisateurs ont également indiqué que "deux pays partageant des liens linguistiques tendent à échanger environ 65 % plus que s’ils n’en avaient pas". "La francophonie économique est lancée", s’est félicité Geoffroy Roux de Bézieux, en clôture de l’événement. "Elle existait avant mais il y a eu beaucoup de déceptions et d’échecs. La richesse de la francophonie vit des échanges entre nos entreprises, c’est à nous les entrepreneurs privés de faire vivre cette francophonie", a-t-il ajouté, précisant que cette REF de la francophonie avait vocation à être organisée tous les ans.


Sébastien Guiné