Le glyphosate, un « cancer » pour Bayer…


Economie


31 août 2021

Le groupe continue à affirmer la non-dangerosité du Roundup malgré les études

Pour la justice américaine, la chose est pliée : le Roundup provoque bien des cancers. La cour d’appel de San Francisco vient de confirmer un jugement de 2019 en ce sens, reconnaissant qu’un couple de plaignants est bien tombé malade après avoir utilisé cet herbicide à base de glyphosate pendant des années, lui octroyant 86 millions de dollars de dommages et intérêts.
En rachetant l’américain Montsanto en 2018, l’Allemand Bayer n’a pas vraiment eu de flair puisque la firme doit maintenant faire face à des milliers de procédures judiciaires dont les premiers effets sont de plomber ses résultats avec une perte nette de 2,3 milliards au second trimestre de cette année.

Le groupe ne désarme pourtant pas et continue à affirmer la non-dangerosité du Roundup. Une «  position soutenue par quatre décennies de données scientifiques approfondies et les évaluations des principaux organismes de réglementation sanitaire du monde entier qui soutiennent son utilisation sûre  » assure son porte-parole. Le groupe étudie maintenant les voies juridiques possibles pour tenter de remonter le courant.

L’OMS a classé « cancerogène probable  » le glyphosate qui entre dans la composition de cet herbicide très utilisé dans le monde avant de voir son usage limité ou interdit. Le juge américain a souligné l’attitude de Monsanto qui n’a pas informé le public américain des risques liés à son utilisation et a même considéré que l’entreprise s’est réfugiée par esprit mercantile derrière des études scientifiques discutables pour rassurer sa clientèle.

Héritier de ce « bébé » à la triste figure, Bayer a provisionné 4,5 milliards de dollars pour faire face aux plaintes déposées aux USA contre le Roundup. La firme avait aussi signé un accord transactionnel de 10 milliards pour répondre à une vague de 125 000 plaintes. Un juge américain a cependant rejeté ce plan, qui aurait limité le coût des futures réclamations en recours collectif.

La France s’est engagée en 2018 dans un plan de sortie du glyphosate visant à mettre fin à son usage « d’ici trois ans au plus tard et d’ici cinq ans pour l’ensemble des usages  », tout en précisant que « les agriculteurs ne seraient pas laissés dans une impasse ». L’année 2019 a été marquée par une forte baisse des ventes (-38% pour le glyphosate, -35% pour l’ensemble des herbicides), diminution en partie explicable par des achats anticipés en 2018 dans la perspective de l’augmentation du taux de redevance pollution


Jean-Michel Chevalier