Une époque de (petits) ponts en or et de casques bleus


Economie


30 septembre 2021

Charité bien ordonnée commence par soi-même : ce précepte vieux comme le monde a été respecté à la lettre - et même un peu mieux - par le jeune patron d’une association d’aide aux migrants et aux sans-abri. A en croire "Le Canard Enchaîné" qui a levé le lièvre, il se serait octroyé une rémunération mensuelle de 1 000 euros et une (grosse) voiture allemande de fonction louée un peu plus de 2 000 euros par mois par cette association décidément très caritative.
Sans doute est-ce un minimum pour s’occuper correctement du sort des migrants et des SDF, de ceux qui ont le mauvais goût de se noyer en Méditerranée ou de camper sous des tentes aux portes de Paris ? Voilà qui laissera songeurs les bonnes volontés faisant des miracles chaque jour sans aucun moyen en comptant chaque sou.
Ce directeur s’est même montré si efficace dans ses fonctions qu’il fut élu l’an passé président d’Île-de-France de la Fédération des Acteurs de la Solidarité qui regroupe des centaines d’associations luttant contre la grande exclusion. Pour que le tableau soit complet, il faut savoir que les structures dont il s’occupe sont largement subventionnées par l’état, c’est-à-dire par vous et moi, qui ne roulons pas forcément dans un carrosse à 70 350 euros prix catalogue hors options.
Mais l’honneur est sauf puisqu’il a accepté de se mettre "en retrait" de ses fonctions et qu’il n’est pas "salarié" mais "bénévole". En attendant la suite, le commissaire aux comptes a refusé de certifier cette conduite dispendieuse et fait un signalement au parquet de Melun.

Sous la pression de l’argent et de salaires aussi mirifiques qu’indécents, qui font passer pour d’aimables rigolos les "bénévoles" des associations d’aide aux migrants et SDF, le football est devenu ces derniers temps un monde merveilleux où l’on voit dans les stades davantage de jets de bouteilles et de tirs de fumigènes que de buts au fond des filets.
Deux cents supporters niçois, pas un de plus, ont été autorisés le week-end dernier à se rendre à Saint-Etienne et ils ont bénéficié d’une "protection policière" pour ce déplacement à "hauts risques". Les forces de l’ordre n’ont sans doute que cela à faire...
La police avait en tout cas l’œil sur le chrono. Le bus des Niçois étant en retard au rendez-vous fixé, il a été immobilisé à quelques kilomètres du stade et n’a pas été autorisé à s’y rendre, la préfecture de la Loire arguant aussi de l’état d’ébriété de certains supporters.
Au train où vont les choses, il faudra peut-être demander le secours des casques bleus de l’ONU - voire les forces de l’OTAN - pour sécuriser les matches entre les chefs-lieux de canton voisins et ceux des "grands" clubs.
On vit une époque vraiment formidable.


Jean-Michel Chevalier