A La Londe-les-Maures, l’adjudant-chef Marcel Kafi, cet héros méconnu


Economie


19 octobre 2021

De 1945 à 1954 en Indochine, 100 000 soldats sont tombés.

Le 8 juin 2021, lors de la cérémonie nationale d’hommage aux morts pour la France en Indochine, François de Canson avait rendu un vibrant hommage à Marcel Kafi, héros méconnu de ce conflit qui annonçait les guerres de décolonisation. Marcel Kafi est décédé le 2 octobre à l’âge de 94 ans.

De 1945 à 1954 en Indochine, 100 000 soldats sont tombés, 76 000 ont été blessés et plus de 40 000 ont été faits prisonniers dans des conditions tellement inhumaines que seuls 3 000 d’entre eux furent rapatriés en France dans l’indifférence voire l’hostilité d’une grande partie de la population.

POUR L’HONNEUR

A l’instant officiel, le maire avait rappelé :« Nous sommes réunis ici pour rendre hommage à ces hommes qui ont opposé une résistance aussi héroïque que méconnue à des troupes déterminées, supérieures en nombre et connaissant admirablement le terrain. Des hommes qui sont morts pour la France. Avec leurs camarades. Souvent loin de leur famille. Loin de la métropole. Et parfois, loin de notre souvenir.
Ce qui pour certains s’apparentait à une parenthèse ou à un tragique épilogue de la guerre du Pacifique, s’est révélé être les prémices d’un terrible engrenage. Des soldats qui se sont battus pour leurs frères d’armes, légionnaires, parachutistes, aviateurs, marins, métropolitains, algériens, africains, vietnamiens. Pour l’honneur de leurs régiments. Des soldats qui se sont battus contre un adversaire courageux, résolu, contre la maladie, les éléments, contre la distance, contre l’indifférence ».

BLESSE EN ALSACE ET EN INDOCHINE

Jusqu’à 1953, Marcel Kafi a servi dans tous les bataillons de parachutistes, sous les ordres de chefs prestigieux. Il vouait une profonde reconnaissance et une grande admiration au colonel Paul Ducournau, héros du débarquement de Provence. Titulaire de trois citations, le sergent Kafi a poursuivi sa carrière en Algérie où il a obtenu le grade d’adjudant-chef.

Durant la seconde guerre mondiale, en juin 1944, réquisitionné par les allemands au château de la Pascalette, siège de la Kommandantur, il vole de la poudre à canon au profit de la résistance. Démasqué, il est sauvé par le gendarme Crespin qui l’évacue au Font de la Truie aux Borrels, à Hyères, où il rejoint d’autres jeunes varois. Dirigé de nuit vers la Garde-Freinet, il y reste jusqu’au 15 août et rejoint la plage du Pardignon à La Croix-Valmer.

Le 17 août 1944, il signe son engagement au 4ème Régiment de Tirailleurs Sénégalais au sein de la glorieuse 9ème Division d’Infanterie Coloniale du général Magnan.

Il participe à la Libération de Solliès-Pont où il tire son premier coup de feu, de La Farlède et de La Valette. Blessé à Delle (Territoire-de-Belfort) lors de la libération de Belfort, il termine la Guerre au 21ème Régiment d’Infanterie Coloniale en mai 1945 au lac de Constance en Allemagne. Il reçoit la distinction de Combattant Volontaire.

Volontaire pour l’Indochine, il choisit de combattre dans les unités les plus actives et les plus exposées, à savoir les Bataillons de Parachutistes Coloniaux. Blessé gravement une seconde fois, il en revient avec la Croix de Guerre et 3 citations. Il a l’honneur à Saïgon de porter l’étendard du 8èmme Bataillon de Parachutistes Coloniaux, sous les ordres du capitaine Tourret et du colonel Ducournau, qui débarqua le premier au cap Nègre avec les Commandos d’Afrique, libérateur des Batteries de Mauvanne et du Fort Coudon.
Avec la 16° compagnie du 8ème BPC de juin à octobre 1951, il mène de durs combats au cours desquels deux tiers de ses camarades seront tués ou blessés.

UN CERTAIN BOKASSA SOUS SES ORDRES

En Algérie, il retrouve le colonel Ducournau puis le général Gilles.
De 1954 à 1961, il est décoré de la Médaille Militaire et de la Croix de la Valeur Militaire avec trois citations.
Il sert ensuite notre pays au sein des services de la coopération au Tchad, en République Centrafricaine où il retrouve l’empereur Bokassa, qui était un tirailleur sous ses ordres en Alsace et à Madagascar !

En 1973, il prend une retraite bien méritée avec le grade d’adjudant-chef. Membre depuis sa création du comité du Souvenir Français de La Londe-les-Maures, Marcel Kafi honorait de sa présence toutes les cérémonies patriotiques et poursuivait son engagement en transmettant dans les écoles le devoir de mémoire auprès des jeunes générations.

A NOTER...

Né le 12 avril 1927 à La Londe-les-Maures, combattant des guerres 39-45, Indochine et Algérie, il compte 6 citations dont une à l’ordre de l’Armée. En 1969, il est fait Chevalier de l’Ordre National du Mérite. En 1991, il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur et, en 2005, Officier de la Légion d’Honneur.

Médaillé Militaire,
Croix de Guerre T.O.E (3 citations),
Croix de Combattant Volontaire,
Croix de la Valeur Militaire (3 citations),
Blessé deux fois au combat, il sert au 4ème RTS, au 21ème RIC
1er, 2ème, 3ème, 6ème, 7ème et 8ème Bataillon Parachutistes Coloniaux.


Gilles Carvoyeur