La France a retrouvé son niveau d’activité d’avant-crise (Banque de France)

"Beaucoup de secteurs ont retrouvé leur niveau mais la situation est contrastée", a précisé Christian Delhomme, directeur départemental des Alpes-Maritimes et médiateur départemental du crédit, lors d’une présentation de la conjoncture internationale, française et régionale Provence Alpes-Côte d’Azur, le mercredi 20 octobre.
Dans l’industrie, les entreprises interrogées jugent dans l’ensemble avoir retrouvé leur niveau d’activité d’avant-crise (en moyenne à 95% du niveau jugé "normal") sauf pour les secteurs aéronautique (80%) et automobile (81%). Dans le bâtiment, le pourcentage dépasse même les 100%.
En revanche, au sein des services marchands, les entreprises de location (matériel, voitures…) et celles de la restauration et de l’hébergement ne jugent qu’à 80% au maximum avoir retrouvé leur niveau d’activité.
Au niveau régional, "l’enquête confirme le rebond dans l’industrie, dans la continuité du redémarrage. Dans les services marchands, on voit que l’économie du tourisme est encore pénalisée par le premier semestre. Et dans la construction, le rythme est plutôt soutenu même s’il est freiné par les perspectives, notamment la réduction de la commande publique", analyse M. Delhomme.

Plus de défaillances dans les Alpes-Maritimes

Si la situation est globalement positive, avec une croissance 2021 estimée à 6,3%, la Banque de France relève deux points d’attention immédiats : les difficultés d’approvisionnement et, surtout, de recrutement (voir encadré par ailleurs).
Si les défaillances d’entreprises sont toujours en baisse, il faut souligner que le recul est beaucoup moins prononcé dans les Alpes-Maritimes (- 6,3%) qu’en région (- 20,5%) ou qu’en France (- 26,9%).
Cet écart peut s’expliquer par le fait qu’il y a beaucoup de TPE dans le département, avec beaucoup de statuts d’autoentrepreneur, qui ne disposeraient pas d’un encadrement suffisant.
La Banque de France s’intéresse à cette problématique dans son volet formation, notamment à travers le jeu "Aventure entrepreneur", qui permet d’avoir un aperçu rapide des principaux aspects de la gestion d’entreprise.
Les PGE (prêts garantis par l’État) sont "une réussite indéniable", a relevé M. Delhomme, rappelant aussi son rôle de médiateur du crédit, avec près de 700 dossiers traités l’année dernière (contre moins de 40 en 2019). "Certains dirigeants ont vu le prêt comme une subvention. Notre rôle a été de faire de la pédagogie avec les chefs d’entreprise", a-t-il expliqué, ajoutant qu’un dossier de médiation sur deux avait été couronné de succès.

Emploi : le paradoxe français

"Le plus grand frein à la croissance française est lié à l’insuffisance de l’offre de travail disponible pour les entreprises. La France fait face à un paradoxe socialement inacceptable, avec le retour de difficultés de recrutement malgré un taux de chômage demeurant autour de 8%", selon la note de conjoncture réalisée et présentée par Christian Delhomme et par son adjoint, Vincent Massol.
Fin septembre, 53% des entreprises interrogées (dans l’industrie, les services et le bâtiment) indiquaient avoir des difficultés de recrutement.
"Il faut mettre tous les moyens en jeu pour mettre un terme à ce paradoxe", a affirmé M. Delhomme, avant d’évoquer trois axes de travail : la formation des moins qualifiés (apprentissage, formation professionnelle et éducation) ; traiter la question du sous-emploi des jeunes et des seniors (le taux d’emploi des jeunes, de 15 à 24 ans, est de 29,6% en France contre 47,3% en Allemagne et le taux d’emploi des seniors, de 55 à 64 ans, est de 55, % en France contre 71,7% en Allemagne) ; et rendre le travail plus attractif et incitatif (réforme de l’assurance chômage et revalorisation ciblée des salaires, avec des négociations branche par branche).