Il faut parfois savoir se retenir pour ne pas rigoler...


Economie


28 octobre 2021

Si Éric Zemmour n’existait pas, il ne faudrait pas l’inventer. Le polémiste, qui n’est encore candidat à la présidentielle qu’en se rasant le matin, ne cache pas que parmi ses fantasmes il rêve en secret de museler la presse, un monde auquel pourtant il appartient. Pour que ses propos soient bien compris, il a joint l’autre jour le geste à la parole en visitant le salon "Milipol" consacré à la sécurité : arrivé sur un stand de fusils de précision, il s’est amusé à pointer les journalistes présents avec une arme. Qui n’était heureusement pas chargée, car l’actualité récente montre à quel point il peut être dangereux de jouer au cow-boy... Devant cet usage aussi symbolique que déplorable du pistolet à bouchon par Zemmour, celui-ci a ensuite expliqué que ce n’était que du cinéma. Qu’il n’y avait pas de menace directe dans cette visée (manquerait plus que cela...) et que tout cela "c’était pour rire". Nous voici donc priés de nous tenir les côtes devant cette blague d’une grande finesse qui a fait le buzz, sans doute l’effet recherché. L’on n’ose imaginer que ce dictateur d’opérette puisse, un jour, même "pour rire" appuyer sur le bouton de la dissuasion nucléaire si d’aventure les électeurs le portaient à l’Élysée… C’est de la psychologie de comptoir, mais cette attaque virtuelle contre les journalistes intervient après que sa carte de presse lui a été retirée. Pas pour des raisons de "censure" comme il pourrait le clamer dans un élan complotiste, mais parce qu’il ne répond plus aux critères d’attribution qui prévoient que le titulaire doit avoir "pour activité principale, régulière et rétribuée, l’exercice de sa profession".
Ce qui à l’évidence n’est plus la préoccupation majeure de cet homme très cathodique.

Charité bien ordonnée commence par soi-même  : les autres fonctionnaires apprendront que leurs homologues des Finances publiques vont recevoir en décembre une prime - de 120 euros pour les catégories A à 250 euros pour les catégories C - pour récompenser leur "engagement" pendant la crise sanitaire. Ce n’est sans doute que justice, mais les agents des autres administrations n’ont pas démérité non plus en permettant à l’état de fonctionner malgré les difficultés de cette période exceptionnelle. Au risque de céder à la mode du populisme, affirmons ici qu’ils mériteraient bien eux aussi un petit coup de pouce quand on connaît leur niveau de rémunération...

Alors que le monde "libre" a vilipendé la construction du mur de Berlin jusqu’à son écroulement, douze pays du vieux continent demandent aujourd’hui à l’Union Européenne de construire un mur "anti-migrants" entre la Pologne et la Biélorussie.
Varsovie, si préoccupée par l’indépendance des juges, a déjà commencé à ériger des barbelés, imitée en cela par la Lettonie. Autre pays qui a déjà beaucoup gagné en entrant chez les 27, la Hongrie d’Orban se barricade sur ses frontières avec la Serbie et la Croatie. Nous sommes assez loin du rêve européen, ne trouvez-vous pas ?


Jean-Michel Chevalier