Soirée UIMM des Industriels engagés : "Nous incarnons le faire"


Economie


5 novembre 2021

En s’adressant aux membres de l’UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie) Côte d’Azur en ouverture de la Soirée des Industriels engagés, Daniel Sfecci, président du syndicat, a rappelé qu’ils incarnaient tous "le faire" et que "le monde industriel, oublié pendant quelques années, avait toute sa place".

"Nous ne sommes plus seulement les métallos de l’époque", a-t-il poursuivi dans l’une des salles du Château de Crémat à Nice, le jeudi 28 octobre, avant de citer l’aérospatiale, l’éclairage ou encore l’électronique. "Nous avons sur ce territoire un savoir-faire éclectique et discret. Cela amène à des résultats qui pèsent économiquement. Aujourd’hui, l’État nous pousse avec le plan France Relance. On a la chance d’être reconnus, soutenus et écoutés", a encore déclaré Daniel Sfecci. Le président de l’UIMM 06 a aussi évoqué deux projets qui lui tiennent à cœur : la formation, notamment avec le passage à la digitalisation à travers le parcours du dirigeant 4.0, et la transmission. "J’ai hérité mon entreprise de mon père et je suis fier de voir mes enfants la reprendre".
En proposant la formation "Le parcours du dirigeant 4.0", l’UIMM 06 souhaite que les participants puissent "décrypter les mutations de l’environnement et comprendre les enjeux des transformations en cours, développer le sentiment d’appartenir à une communauté de destins partagés, s’approprier les outils pour mettre en œuvre la transformation de son entreprise et moduler sa représentation du monde, adapter ses modèles". Le parcours dure au total sept jours, au rythme d’une journée par mois.
"Le 4.0 est une opportunité pour donner un nouvel élan à votre entreprise", a précisé Christine Pietri, présidente de SenseMaker Consulting et animatrice de la formation. "Chacun peut repartir avec un chemin qui est spécifique pour son entreprise".

"La France peine à se trouver une stratégie industrielle"

Anaïs Voy-Gillis. ©S.G

Anaïs Voy-Gillis, docteure en géographie, chercheuse associée au CRESAT (Université de Haute-Alsace) et co-auteure de l’ouvrage Vers la renaissance industrielle avec Olivier Lluansi, a donné une conférence très éclairante sur l’industrie en France au cours de la soirée organisée par l’UIMM. 
Elle estime que "la France peine à se trouver une stratégie industrielle, malgré France Relance. On peut vouloir réindustrialiser pour créer de l’emploi mais si on veut la souveraineté il faut réfléchir différemment". Elle explique que les causes de la désindustrialisation sont nombreuses. Il s’agit d’une "histoire collective", des décisions des pouvoirs publics jusqu’aux choix du consommateur. "Si l’on veut réindustrialiser, il y a tout un imaginaire à construire. (…) Il y a une méconnaissance profonde de l’industrie, des carrières que l’on peut y faire. Mais il faut tenir un discours de réalité, il ne faut pas idéaliser pour attirer. Ce sont des métiers nobles mais parfois difficiles".
Anaïs Voy-Gillis assure que la réindustrialisation est "avant tout un sujet de demande", autour de trois axes : la commande publique, les entreprises (qui pourraient revoir leur stratégie d’achats afin de s’approvisionner en France) et les consommateurs (en essayant progressivement de faire évoluer leurs choix de consommation en achetant plus de produits français). La chercheuse souligne qu’il faut aussi penser aux conséquences sur l’environnement de la réindustrialisation. "Si on réindustrialise, on va avoir plus de flux, entrants et sortants", ce qui implique plus de camions sur les routes et une réflexion à avoir sur le fret ferroviaire. Pour autant, elle considère que "l’industrie, c’est 100 % des solutions" sur la question environnementale.
Au sujet de la féminisation, elle ne croit pas aux quotas mais beaucoup plus aux "rôles modèles".


Sébastien Guiné