"Mafia des déchets" : un jugement accueilli favorablement par la FBTP 83 et 06


Economie


23 décembre 2021

Dans le cadre du procès dit de la "mafia des déchets" qui s’est tenu du 22 au 25 novembre dernier, le tribunal correctionnel de Draguignan a rendu un jugement que les Fédérations du BTP du Var et des Alpes-Maritimes et l’Unicem SUD Paca/Corse accueillent favorablement. Ce procès fait suite à une opération d’envergure intitulée "terres brûlées", menée le 9 juin 2020 par les Parquets de Draguignan et Nice dans une affaire de décharges illégales de déchets de chantiers sur la Côte d’Azur, qui avait mobilisé d’importants moyens par la justice.

La profession du Bâtiment, des Travaux Publics et des Industries de Carrières et Matériaux de construction avaient déjà salué cette mobilisation et la détermination des autorités qui avaient pris la mesure de ce fléau et se donnaient les moyens de le combattre.

Le jugement condamne à la fois des sociétés et des personnes physiques

Les prévenus ont été condamnés pour abandon et gestion irrégulière de déchets en bande organisée, au sens du code de l’environnement. Ils l’ont été aussi, pour la plupart d’entre eux, au sens du code pénal, pour escroquerie en bande organisée, menace, ou encore extorsion par violence, contrainte ou menace, blanchiment du produit et exécution d’un travail dissimulé. La reconnaissance du fonctionnement en bande organisée est novatrice. L’essentiel des réquisitions du procureur de la République a été suivi. Le jugement tient compte des dommages à l’environnement mais également des préjudices causés aux propriétaires dont les terrains ont été dévastés.
Les personnes physiques ont été condamnées à des peines d’emprisonnement avec sursis probatoire, assorties de différentes interdictions et de l’obligation de réparer. Il leur est retiré le droit de gérer une entreprise pendant cinq ans (voire dix pour l’une d’entre elles) et de se livrer à des activités de transport de déchets.
Quant aux sociétés, elles ont l’interdiction définitive d’exercer dans ces domaines, de percevoir des aides publiques et de soumissionner à des marchés publics pendant cinq ans. Les matériels et véhicules ayant servi à la commission des infractions ou en constituant le produit ont été confisqués, tout comme les sommes saisies au cours de l’instruction qui serviront à financer les travaux de remise en état des sites polluées. Cette mission de réhabilitation a été confiée à l’État aux frais des condamnés qui sont obligés de consigner la somme de 3,28 millions d’euros à cette fin.

Pour les trois organisations professionnelles du secteur de la construction qui s’étaient constituées parties civiles, le tribunal a pris en considération leurs demandes en leur accordant réparation au titre de préjudice moral, d’atteinte à l’image et de concurrence déloyale. Elles se félicitent d’un jugement qui met les condamnés hors d’état de nuire à l’environnement, de porter atteinte à l’image des métiers de la construction, mais aussi à l’économie locale.


Valérie Noriega