Six mois pour relancer l’Europe


Economie


7 janvier 2022

Dossier spécial Europe à l’occasion de la présidence française

Six mois. Ce sera la durée de la présidence française. Elle sera mise à profit pour faire avancer les sujets importants qui concernent la vie commune et l’avenir des 27. Avec, hasard du calendrier, l’interférence de la campagne présidentielle dans notre pays.

Il faut avoir visité l’Irlande dans les années 70 et 80, et y être revenu récemment, pour constater ce que l’Europe y a apporté de positif. Son action est partout visible dans le paysage : infrastructures routières, hôpitaux, développement économique... Les financements et subventions ont permis en quelques années à la verte érin de réaliser un incroyable bond en avant.
C’est dans les pays les plus développés que le sort de notre maison commune Europe indiffère le plus : en France, tout juste un électeur sur deux s’est déplacé en 2019 pour désigner les eurodéputés, et encore ce scrutin était-il couplé avec celui plus mobilisateur des départementales... En Allemagne, autre pays fondateur et moteur des 27, le citoyen a surtout l’impression de payer pour les pays du sud...
Si l’Europe laisse souvent indifférent, c’est parce que ses actions restent peu visibles et ses représentants peu incarnés (vous connaissez, vous, le nom de beaucoup d’eurodéputés ?). Peut-être aussi parce que les politiques "nationaux" s’essuient trop facilement les pieds sur Bruxelles en lui rejetant la responsabilité des maux de notre société...

Bâtir la maison commune

Six mois. Six mois seulement pour faire avancer le "Schmilblick", alors que des valeurs essentielles issues de la Libération sont remises en cause, comme l’indépendance de la justice en Pologne et celle de la démocratie en Hongrie. Alors que d’autres États rêvent tout haut d’entrer dans la communauté, pour un avenir qui leur parait bien plus désirable que la perspective de rester isolés et à portée de la gourmandise de grandes puissances. Alors que les USA, la Chine et la Russie ont tout intérêt à ce que ce projet ne réussisse pas.
Le chantier est long, difficile, souvent remis en cause. Il faut sans cesse négocier, sans rien céder sur l’essentiel. Il faudrait aussi peut-être mieux expliquer ce que l’Union européenne apporte aux citoyens. Six mois : la prochaine présidence française, ce sera dans treize ans et demi...

La feuille de route de la présidence française

- Frontières extérieures : une réforme de l’espace Schengen sera initiée avec la création d’un "pilotage politique" de la maîtrise des frontières et un mécanisme de soutien d’urgence en cas de crise.
- Défense : "il faut entrer dans une phase plus opérationnelle en définissant les intérêts européens et une stratégie partagée".
-  Environnement : objectif neutralité carbone en 2050. La Commission européenne défend un ensemble de textes législatifs, traductions concrètes des ambitions. "Aux actes, maintenant !".
- Numérique : après le RGPD et la taxation des plateformes, "la lutte contre la haine en ligne et la volonté d’éviter la création de monopoles sans règles qui tuent l’esprit d’innovation".
-  Social  : protection et adaptation du modèle social européen, lutte contre le dumping social. "La directive sur les salaires minimum dans l’Union européenne - qui définit non pas un SMIC européen comme une moyenne, mais tire tous les bas salaires vers le haut grâce à un salaire minimum décent - sera au cœur de notre présidence".
-  Jeunesse : vers un service civique européen de 6 mois ouvert à tous les moins de 25 ans pour un échange universitaire ou d’apprentissage, un stage ou une action associative.
- Afrique : un sommet UE/Union africaine pour "mettre fin aux drames humains en Méditerranée".
-  Balkans : une conférence sera organisée en juin pour "redonner des perspectives de court terme à ces pays"...

Les institutions européennes : carte d’identité

-  La Commission européenne est composée de 27 commissaires européens (un par État membre). Elle exécute les politiques européennes et propose les textes législatifs qui doivent ensuite être adoptés par le Parlement européen et le Conseil.
-  Le Parlement européen est élu au suffrage universel direct par les citoyens. Il vote les lois et le budget de l’Union avec le Conseil.
- Le Conseil de l’Union européenne rassemble régulièrement les ministres des États membres par domaine précis (agriculture, transports, commerce…). Il adopte les lois et le budget de l’Union avec le Parlement. Il réunit périodiquement les chefs d’état ou de gouvernement de tous les États membres pour décider des grandes orientations de l’Union européenne.
- La Cour de Justice de l’UE compte 27 juges (un par État membre) et 11 avocats généraux. Elle veille au respect du droit communautaire.
- La Banque Centrale Européenne (BCE) est responsable de la politique monétaire de la zone euro. Son principal organe décisionnel est le Conseil des gouverneurs, qui regroupe notamment les gouverneurs des banques centrales des États membres de la zone euro (19 à l’heure actuelle).
- La Cour des comptes européenne est composée de 27 membres.
- Le Comité économique et social européen et le Comité des régions sont des organes consultatifs.
- A savoir aussi : au prorata de sa population, la France dispose de 79 eurodéputés sur un total de 705. Issus des élections européennes de 2019, 23 viennent des rangs du RN, 23 de la République en Marche, 13 d’Europe Écologie Les Verts, 8 des Républicains, 6 de la France Insoumise et 6 du PS.

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Jean-Michel Chevalier