Caroline Roose, eurodéputée : "On doit communiquer plus"


Economie


7 janvier 2022

Dossier spécial Europe à l’occasion de la présidence française

Députée européenne depuis 2019, Caroline Roose est membre du groupe des Verts-ALE (Alliance libre européenne) au Parlement européen.
Elle siège au sein de la Commission de la pêche, de la Commission du développement régional, de la Commission d’enquête sur le transport des animaux et de la Commission du développement.

Née à Oostende (Belgique), elle a grandi dans les Alpes-Maritimes. Elle partage son temps entre Villeneuve-Loubet, Bruxelles et Strasbourg.

La présidence du Conseil de l’UE est un événement rare mais en quoi est-ce important ?

- C’est important puisque cela permet d’élaborer un agenda et des priorités pour les six prochains mois. Ils vont pouvoir choisir quels textes, quelles initiatives européennes doivent passer en priorité. Il ne s’agit pas de mettre un dossier au-dessus de la pile mais de gérer un agenda et de mettre des priorités. Ce qui me dérange en tant qu’élue écologiste c’est qu’Emmanuel Macron, s’il est candidat, sera en pleine campagne électorale. Donc cela va limiter ses possibilités et on va réduire la présidence sur une durée de trois mois : janvier, février, mars. Ce que je crains aussi c’est que pendant cette présidence on fasse beaucoup de "green washing", qu’on parle beaucoup des problématiques climatiques mais qu’on ne fasse pas grand-chose.

Est-ce que vous diriez que l’Europe fonctionne bien ?

- Moi je crois profondément en l’Europe. Mais ce qui est problématique aujourd’hui, et que j’ai constaté pendant la campagne des élections européennes, c’est qu’il y a énormément de gens qui me disent ‘’À quoi sert l’Europe ?’’. Si je prends un exemple de financement dans les régions : on voit des petits panneaux sur les sentiers ‘’Financé par l’Europe’’ mais ça les gens ne le savent pas. Je pense qu’on doit communiquer plus sur ‘’A quoi sert l’Europe’’. Je voudrais mettre cela au niveau des priorités. Sur les sujets de la protection des océans et de la pêche durable, le rôle de l’Union européenne est pourtant fondamental parce que c’est transnational, les poissons et l’écosystème marin ne connaissent pas les frontières. J’avoue que les élus européens ne sont pas trop écoutés et que nous ne sommes pas beaucoup relayés dans les médias. Alors c’est vrai qu’on a entendu parler de la PAC, la politique agricole commune. Mais je trouve qu’on ne parle pas assez de ce moment, qui est intéressant pour l’Europe, avec le
climat au centre de l’agenda. Ce qu’on entend plutôt c’est le ‘’C’est la faute à l’Europe’’.

En quoi consiste votre travail, à vous et à vos assistants ?

- Heureusement que j’ai mon équipe et je suis très contente d’avoir cette équipe-là. Il y a les différents groupes politiques qui proposent des dossiers. On a un coordinateur par groupe politique en commission et ils discutent lors des réunions de coordination et se ‘’disputent’’ un petit peu les dossiers. Une fois que les dossiers sont attribués, on travaille sur une résolution, qui existe déjà ou pas. Si je prends l’exemple de la Commission d’enquête sur le transport des animaux, il y avait une résolution qui datait de 2005 et qui malheureusement n’était pas appliquée. La Commission d’enquête va se terminer le mois prochain puisqu’on a le dernier vote en plénière. Donc on a travaillé avec tous les groupes politiques sur des compromis. On a essayé de se mettre d’accord. On ne l’a pas toujours été. Mais on a travaillé en bonne intelligence. Il y a aussi eu des compromis alternatifs en commission. Et ensuite le texte est voté en plénière. En plénière, on a la possibilité de redéposer des amendements. Je trouve que ce texte sur l’exportation des animaux n’est pas assez ambitieux.

Les délais sont-ils plus longs qu’en France pour adopter un texte ?

- Je dirais que non. Pour moi ce sera toujours trop long mais on est capable d’avoir des délais courts face à des situations d’urgence. On l’a fait face à la Covid, face aux nombreuses problématiques liées au changement climatique. On a pu débloquer des fonds en urgence. Lors des inondations dans la vallée de la Roya, les décisions ont été prises rapidement pour débloquer des fonds pour la remise en état de la ligne ferroviaire entre Nice et Cuneo et pour la réhabilitation du train des Merveilles. Je me réjouis que ces fonds aient servi pour la Roya mais d’une manière générale il y a beaucoup de fonds européens qui servent aux régions.

Propos recueillis par Sébastien GUINÉ

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Sébastien Guiné