Il faut trouver un remède à la pénurie de médicaments


Economie


19 janvier 2022

Le phénomène n’a pas attendu la crise sanitaire : les ruptures de stock de médicaments sont de plus en plus fréquentes. Elles concernent de multiples pathologies et « ont des conséquences parfois fatales » selon la Fédération Hospitalière de France.
En 2020, pas moins de 2 446 signalements ont été rapportés à l’Agence nationale de sécurité du médicament, l’ANSM, par des laboratoires qui constataient ou craignaient des ruptures de stock. On en dénombrait moins de 600 trois ans plus tôt. Mais la hausse des chiffres est en trompe l’œil car le « thermomètre » a changé. En 2016, un décret a renforcé la vigilance autour des « médicaments d’intérêt thérapeutique majeur » (MITM) pour lesquels les entreprises pharmaceutiques ont désormais l’obligation de prévenir sans délai l’ANSM en cas de rupture d’approvisionnement. Pour 2020, l’ANSM précise que «  la forte augmentation du nombre de signalements est liée à la demande (...) Aux laboratoires de déclarer les risques de ruptures de stock le plus en amont possible ».
La loi de financement de la Sécurité sociale a renforcé les sanctions financières pour les laboratoires qui ne respecteraient pas leurs obligations en la matière. Si cette contrainte légale a fait augmenter les chiffres au fil des années, c’est bel et bien le phénomène de pénurie en lui-même qui devient plus aigu.
Pour les traitements anti-cancéreux par exemple, une enquête Ipsos commandée par la Ligue contre le cancer en 2018 révélait que trois professionnels sur quatre avaient constaté une aggravation des pénuries de médicaments en dix ans. Un autre sondage réalisé auprès du grand public estimait qu’un Français sur quatre avait déjà été confronté à une pénurie de médicaments. Un phénomène qui touche aussi les autres pays européens.

Le pic des ruptures enregistré au printemps 2020 est dû aux tensions d’approvisionnement sur les marchés internationaux, alors que de nombreux pays avaient fermé leurs frontières pour lutter contre la pandémie de Covid-19. Notre pays dépend beaucoup de l’Inde et de la Chine qui fournissent les principes actifs à l’élaboration des médicaments. «  Nous ne pouvons pas continuer à dépendre à 80% ou 85% de principes actifs pour les médicaments qui sont produits en Chine, ce serait irresponsable  » a d’ailleurs déclaré à cette époque Bruno Le Maire.
Depuis, on n’a guère constaté de « relocalisations ».


Jean-Michel Chevalier