Télétravail des cadres : Des aspirations très différentes


Economie


4 février 2022

Les aspirations des cadres vis à vis du télétravail présentent des disparités

Une étude l’APEC et de l’Anact sur le télétravail montre d’importantes disparités dans les aspirations, que l’on se place du côté des managers ou des salariés.

Trois phases

L’étude de l’APEC (Association pour l’emploi des cadres), menée en collaboration avec l’Anact (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail), a été réalisée en trois phases : une phase qualitative auprès de 12 responsables RH et 23 cadres managers, une enquête téléphonique auprès de 1 000 entreprises et une enquête en ligne auprès d’un échantillon de 800 cadres managers.

Travail hybride

Il ressort de l’étude que le travail hybride « semble parti pour durer  » avec encore 66 % de cadres en télétravail régulier (au moins un jour par semaine) en octobre 2021. Après un pic à 81 % lors du premier confinement en 2020, le taux était retombé à 52 % en septembre 2020, avant de remonter à nouveau lors du deuxième confinement (75 %) et encore un peu plus (78 %) lors du troisième confinement.

Le secteur compte

« En septembre 2021, moins de quatre entreprises sur dix permettaient à leurs salariés de télétravailler (38 %), dont 25 % de façon régulière. Cette possibilité est variable selon le secteur d’activité : elle est beaucoup plus fréquente dans les services à forte valeur ajoutée (64 %), là où la proportion de cadres est la plus importante et donc la plus éligible au télétravail (…) que dans l’industrie (31 %) », est-il écrit dans l’étude.

La taille compte aussi

«  Là où 70 % des ETI (entreprises de taille intermédiaire) et des grandes entreprises permettent à tout ou partie de leurs collaborateurs et collaboratrices de travailler à distance, elles ne sont que 42 % parmi les PME et 35% parmi les TPE  ». De même, ce sont surtout les grandes entreprises qui ont formalisé les modalités du travail à distance : deux tiers des ETI, contre 54 % des PME et seulement 36 % des TPE.

Des difficultés pour les managers

Les cadres managers interrogés sont 61 % à déclarer que « le fait de manager une équipe dont tous les membres ne sont pas présents sur site au même moment est une source de difficultés ». Plus l’entreprise est grande, plus le télétravail est perçu comme une difficulté : 56 % font ce constat dans les entreprises de moins de 10 salariés, 63 % dans les entreprises de 10 à 24 salariés et 71 % dans les sociétés de 25 salariés et plus.

Témoignages

«  Il y en a peut-être qui trouvent cela facile de gérer les équipes à distance, mais en ce qui me concerne cela a été difficile  » confie le manager d’une PME dans la distribution, cité dans l’étude. « On peut vite se déconnecter, ne plus se voir, cela devient impersonnel et c’est tout ce qu’on veut éviter », souligne le manager d’une grande entreprise dans le domaine du conseil.

Contrôle ou autonomie ?

Selon l’étude, «  le télétravail a conduit les managers à réinterroger l’équilibre autonomie/contrôle, le plus souvent en faveur de l’autonomie ». En effet, 48 % des managers considèrent que le management à distance les a conduits à accorder davantage d’autonomie contre 25 % qui considèrent que cela les a conduits à contrôler davantage l’activité. Avec là encore des disparités : 54 % favorables à l’autonomie dans le commerce, 40 % dans la construction.

Recrutement : écart de points de vue

L’étude soulève un point important au moment où certaines entreprises peinent à recruter des cadres : 22 % des entreprises seulement estiment que l’absence de télétravail constitue un frein pour le recrutement de cadres alors que, dans le même temps, 47 % des cadres sont réticents à rejoindre une entreprise qui ne propose pas de télétravail.


Sébastien Guiné