Maître Fontan-Faron : "Renouer des liens importants avec l’Université de droit"


Droit


25 février 2022

Le nouveau Bâtonnier de Grasse espère redonner plus de place aux projets, dont un partenariat avec la Faculté de droit, après un mandat précédent accaparé par la gestion de la crise sanitaire.

Qui vous aide au quotidien dans votre tâche ?

- Tout d’abord, d’anciens bâtonniers, avec lesquels j’ai très souvent travaillé, notamment les bâtonniers Maurel et Farneti. Ensuite, j’ai créé lors du premier conseil de l’Ordre différentes commissions qui touchent à tous les domaines d’intervention de l’avocat et les présidents de ces commissions m’aident. Et tous les confrères qui interviennent dans ces commissions m’aident également.
Au niveau de l’équipe de l’Ordre et de la Carpa, il y a une dizaine de salariés et c’est important. Quand nous nous déplaçons en tant que bâtonnier dans le cadre des conférences régionales ou nationales, nous constatons que dans certains barreaux, le bâtonnier fait tout. Pour ma part, je suis très aidée.

Valérie Fontan-Faron succède à Fabrice Maurel. ©S.G

Vous attendiez-vous à la charge de travail qui est la vôtre depuis le début de l’année ?

- Je m’attendais nécessairement à une charge importante. C’est vrai que le mois de janvier a été un tsunami. Il y a eu toutes les rentrées solennelles même si beaucoup ont été soit annulées soit transformées en configuration réduite. Il y a eu les prises de contact avec les magistrats, les prestations de serment... Cela a représenté beaucoup de travail mais je m’y attendais. C’était "costaud". Ensuite, c’est plus de la mise en place.
Maintenant, il faut faire travailler les commissions, les orchestrer.

Après votre élection, vous aviez confié vouloir faire rayonner le Barreau de Grasse. Pouvez-vous évoquer concrètement certains projets ?

- On va renouer des liens importants avec l’Université de droit, avec la possibilité d’accueillir des étudiants. Nous souhaitons faire un partenariat. Nous avons prévu de préparer un dossier concret, cela peut être un dossier qui existe mais anonymisé, que nous allons ensuite adresser à deux groupes d’étudiants de la Faculté de Nice. Ils vont étudier ce dossier, un groupe pour le demandeur et un groupe pour le défendeur. Ils viendront ici présenter l’analyse du dossier et éventuellement le plaider.
Ensuite, je souhaiterais poursuivre ce que mon prédécesseur avait mis en place pendant le confinement : une cellule de permanences pour les violences conjugales. Je souhaiterais relancer les maires des communes du ressort du Barreau de Grasse pour réactiver cette information. Nous réfléchissons aussi à l’organisation de journées portes ouvertes pour rapprocher le citoyen des avocats. Et aussi essayer de développer tout ce qui est règlement alternatif des différends, avec les conciliations, les médiations, au travers notamment de notre partenariat avec Alpes-Maritimes Médiation. La médiation est quelque chose de difficile à mettre en place parce qu’il faut arriver à changer la
vision de l’avocat sur les modalités d’exercice. Il n’est pas facile d’arriver à convaincre un client de tenter une médiation. L’avocat peut se dire que son client va penser qu’il n’est pas là pour le défendre. Or une médiation peut être très bénéfique pour le client, en temps et en argent.

Vous êtes convaincue de l’utilité de la médiation ?

- Oui, complètement.
C’est un changement total de nos réflexes. Et nous les avocats, pouvons avoir un rôle extrêmement important, notamment dans le cadre de l’accompagnement du client. Certains confrères disent qu’ils font déjà cela dans leur cabinet. Il y a pourtant un véritable comportement à avoir, totalement différent de ce que l’on peut faire habituellement dans nos dossiers. Il est vrai que nous tentons toujours des rapprochements mais il y a des techniques à acquérir.
C’est une science. Et nous ne nous sommes pas encore appropriés ces techniques. Il y a une autre difficulté, c’est que certains avocats se disent ‘si on les envoie en médiation, on perd le dossier et on perd le client’. Ce qui n’est pas vrai parce que l’avocat accompagnateur du client en médiation a un rôle à jouer. C’est du travail, qui est facturable, donc il n’y a pas forcément de perte de gain pour l’avocat.

Les avocats grassois sont-ils satisfaits de la procédure pénale numérique ?

- C’est une grande avancée car cela simplifie les procédés.
En revanche, je pense qu’il faut réinformer les confrères sur cette numérisation. Il faut s’habituer à ces nouvelles techniques.
Nous avons des habitudes de travail avec le dossier papier. Je n’ai pas encore de retour sur les points positifs, et éventuellement négatifs, du côté des avocats.

En plus des projets que vous aviez déjà en tête, d’autres idées ont-elles émergé ?

- Ce que j’ai découvert et beaucoup apprécié depuis ma prise de fonction, ce sont les réunions avec les autres bâtonniers. Il y a une véritable réflexion sur beaucoup de points. Il y a beaucoup de réformes, successives, qui nous obligent à modifier nos habitudes de travail. Par exemple sur la structuration des écritures, on veut nous obliger à formaliser nos conclusions, de façon à favoriser la mise en place des Legal Tech.
Tout ce travail collectif demande du temps mais c’est très intéressant.

Propos recueillis par Sébastien GUINÉ


Sébastien Guiné