Toute ressemblance ne serait pas fortuite


Economie


4 mars 2022

L’edito hebdo de Jean-Michel Chevalier

Le 1er septembre 1939, les troupes nazies ont déferlé sur Dantzig qui était alors placée sous la protection de la Société des Nations depuis le traité de Versailles. La ville, qui s’ouvre sur la mer Baltique, avait été longtemps sous le joug de la Prusse avant de recouvrer sa liberté en 1919. Hitler justifia son "intervention" par le fait que les populations étaient en majorité allemandes dans cette enclave polonaise.
Que la France et la Grande Bretagne n’aient pas été en mesure de s’opposer militairement à cette invasion facilita les desseins du Führer qui, l’histoire le montra, ne s’arrêta pas en si bon chemin...
L’Ukraine fait penser à la situation de Dantzig. La "capillarité" avec le puissant voisin russe est d’autant plus évidente que cette région fit partie pendant 70 ans de l’empire soviétique, ce qui laisse des traces dans la culture politique et dans les mentalités. Depuis la chute du mur, les Ukrainiens regardent vers l’Ouest, réclamant leur entrée dans l’Otan : c’en est trop pour Poutine, dont la tolérance et la souplesse ne sont pas les premières qualités.
L’ours de Moscou a donné un premier coup de patte en 2014 en récupérant par les armes la Crimée, depuis transformée en camp retranché. C’était déjà une action illégale, qui fut mollement sanctionnée par la communauté internationale.
Avec détermination et cynisme, il a de nouveau attaqué, ne se contentant pas d’une action géographiquement limitée au Donbass mais portant le feu, le fer et le sang dans tout le pays. Pluie d’obus et de missiles sur la capitale, sur Odessa et sur l’ensemble du pays... Personne n’est vraiment en mesure d’arrêter cette entreprise, sauf à déclencher un nouveau conflit aux conséquences (nucléaires) inimaginables. Le maître du Kremlin le sait et continue à pousser ses pions.
Ancien officier du KGB, il n’a pu que se sentir humilié par la chute de l’URSS, par la liberté reconquise par les populations des anciens pays satellites "amis".
Il a patiemment remilitarisé son pays, emprisonné les opposants, attendu son heure pour intervenir. En "interne", pour son peuple, il veut montrer sa puissance et redonner une fierté. Et maintenant ? Être condamné par la communauté internationale et par le tribunal de l’Histoire semble être le cadet de ses soucis. L’envoi homéopathique autant que symbolique de militaires français en Roumanie ou américains en Pologne ne permettra pas de le stopper. Son seul talon d’Achille reste le porte-monnaie : bloquer les comptes de son proche entourage, paralyser l’économie russe peut le fragiliser. C’est le pari des Occidentaux, qui craignent maintenant pour leur sécurité, ne sachant pas où s’arrêtera ce rouleau compresseur emballé.


Jean-Michel Chevalier