Patience et longueur de temps...


Economie


11 mars 2022

L’edito de Jean-Michel Chevalier qui se demande si l’on s’est réjoui trop tôt de vivre en paix

Les personnes arrivées à un âge vénérable, disons 60 ou 70 ans "au moins", se sont peut-être réjouies un peu trop tôt d’appartenir à des générations qui n’ont pas connu de guerre, contrairement aux précédentes, celles de leurs aïeux qui ont trinqué en 1870, 1914-1918 et 39-45. Avec la régularité d’un métronome, notre vieille Europe a été régulièrement secouée par les conflits sanglants sur son sol, indirectement lors de la décolonisation, et à nouveau en ex-Yougoslavie à la fin du siècle précédent.
L’histoire repasse les plats...
Par cette agression contre l’Ukraine, Poutine se qualifie haut la main dans la catégorie des dictateurs que rien ne saurait arrêter, en tous cas pas par la crainte de faire couler le sang. Pour le ramener à la table de la paix, lui prescrire une cure d’hydroxychloroquine ne sera, à l’évidence, pas plus efficace que contre le Covid...

Pour un certain nombre d’observateurs, les jours de Poutine seraient comptés. Non pas militairement, car il sera difficile de s’opposer au rouleau compresseur russe en Ukraine, mais parce qu’il est totalement isolé dans son propre pays où plus personne ne peut exprimer ne serait-ce qu’une légère critique. De proches collaborateurs réfugiés en occident le décrivent colérique, ce qui le rend imprévisible, arc-bouté sur ses positions, en déni de la raison et de la réalité. Jusqu’à quand les militaires russes vont-ils le suivre ? Y aura t-il parmi eux un nouveau "Brutus", comme l’a souhaité un sénateur américain ?
La mort de civils - des femmes, des enfants -, les tirs sur la plus grande centrale nucléaire d’Europe, l’invasion d’un pays indépendant : tout cela constitue des crimes de guerre selon les conventions internationales qui font déjà de la Russie un paria infréquentable. Il y a mieux pour entrer dans les livres d’histoire.

La guerre ne se joue pas que sur les champs de bataille. D’autres armes sont aussi efficaces, comme les sanctions économiques (lourdes) infligées au régime de Poutine, comme l’arrêt des importations de gaz et de pétrole (à condition que tout le monde joue le jeu, ce qui reste à démontrer).
Malheureusement, les effets de ces sanctions ne se font pas sentir là où ils sont les plus attendus, à savoir en Ukraine, où les images en provenance de Kiev ne sont pas sans rappeler les photos en noir et blanc de la débâcle et de l’exode de 1940 sur les routes de France.
Au bout, il y a eu la victoire, mais il a fallu quatre années de désolation...


Jean-Michel Chevalier