Mélanie Robert raconte sa riche expérience sur l’île de Tromelin


Economie


4 avril 2022

Mélanie a répondu aux questions des Petites Affiches du Var.

A l’occasion de la manifestation « Un pays à l’honneur » organisée par l’équipe de la Médiathèque Eurêka, Mélanie Robert revient son expérience sur l’île de Tromelin en tant qu’infirmière pour le territoire « Terres australes et antarctiques françaises ».

Avant de présenter sa conférence face à un public d’une cinquantaine de personnes, une grande première pour cette passionnée de photo et de voyage, Mélanie a répondu aux questions des Petites Affiches du Var.

Présentez-nous l’île de Tromelin ?

Mélanie. Tromelin est située à 500 km de La Réunion. Minuscule bout de terre, soumis aux alizées, dépourvu de végétation et entouré de récifs, Tromelin est un îlot désert d’1 km2 qui n’abrite que quelques chercheurs, des oiseaux, des tortues, des Bernard l’Hermite bien dodus mais également une histoire tragique. Au XVIIIe, à la suite d’un naufrage, 80 esclaves malgaches y ont été abandonnés avant d’être secourus 15 années après. C’est en effet le 29 novembre 1776, quinze ans après le naufrage, que Jacques-Marie Boudin de Tromelin, commandant la corvette La Dauphine, récupère les huit esclaves survivants : sept femmes et un enfant de huit mois.

Comment en tant qu’infirmière clinicienne, on se retrouve sur un bout de rocher d’1 kilomètre carré, isolé en plein Océan indien avec pour seul compagnie deux collègues de travail, des oiseaux et des tortues de mer ?

Mélanie. Tout simplement l’envie de sortir de ma zone de confort et d’allier mon métier d’infirmière et mes passions pour la photo, la nature et les voyages.

Comment s’est déroulée cette aventure ?

Mélanie. Après avoir postulé comme infirmière auprès du territoire français des terres australes, j’ai dû passer des entretiens, des tests sportifs, psychologiques, un check up complet … enfin de quoi s’assurer de ma capacité à vivre en autonomie 3 mois sur un bout de rocher. Ensuite, j’ai suivi une formation accélérée aux urgences de la Réunion pour parer à toutes éventualités et urgences sur l’île de Tromelin. Ma mission première étant d’assurer la sécurité sanitaire des deux personnes travaillant sur site.

Quelles étaient vos missions durant ces trois mois ?

Mélanie. Prioritairement, assurer l’entretien du poste de secours de la base, pratiquer de nombreux tests pour être prêtes en cas d’urgence et dispenser des formations de secourisme au personnel sur place. Mais j’ai également participé aux différentes missions de mes collègues comme l’entretien de l’île, la gestion de nos déchets et ceux ramenés par l’océan, la gestion logistique de nos réserves, des surgelés, j’ai eu l’impression de travailler chez Picard à un moment, la photo identification des tortues de mer, le suivi des tortues etc … J’avais également en charge le contrôle de l’eau potable.

Deux mois après votre retour, que retenez-vous de cette expérience ?

Mélanie. Le sentiment de se reconnecter avec la nature et soi-même. Cela peut paraître un peu bateau mais c’est bien ce sentiment. Vivre sans notion d’urgence, de temps, de pression, en autonomie, loin de tout. Et il y a eu ces moments incroyables, des soirées de pleines lunes magiques où je pouvais voir les tortues de mer pondre et bien entendu les naissances des bébés tortues, c’était incroyable.

Avez-vous eu des moments plus difficiles ?

Mélanie. Non pas vraiment, peut-être un petit moment de blues au bout de deux mois. Mais sinon c’est passé très vite. Le plus dur a été quand même l’interdiction formel de se baigner dans une eau si belle et si limpide. En effet, les fonds descendent directement à 4000 mètres avec des courants très forts et disons quelques gros poissons !


Gilles Carvoyeur