Des gamelles retentissantes et un second tour indécis


Politique


11 avril 2022

Retour sur la soirée du premier tour des élections présidentielles d’hier au soir

Une « claque » ou une « déroute ». Ce sont les mots utilisés par Jean Leonetti et Eric Ciotti pour qualifier le résultat de leur championne Valérie Pécresse qui n’aura rassemblé que 4,8% des suffrages, le score le plus bas jamais réalisé par la droite de gouvernement et la troisième défaite consécutive à l’élection présidentielle. Les Républicains vont se réunir ce matin à Paris en comité politique pour préparer la suite, à savoir les législatives, pour lesquelles ils espèrent un rebond grâce à leur ancrage local. Pas sûr en tous cas que le parti, tiraillé entre divers courants antagonistes, survive à cette nouvelle épreuve.

L’autre gamelle historique de la soirée de dimanche est à créditer à Anne Hidalgo et au PS, ramenés à la confidentialité avec 1,7% des voix. Tout comme Pécresse, la maire de Paris a livré un combat courageux pendant cette campagne, mais n’a pas fédéré sur son nom, tandis que les électeurs de gauche ont quitté le navire rose pour embarquer sur celui de Jean-Luc Mélanchon qui manque de peu la qualification. Cette troisième marche est tout de même un succès pour l’Insoumis en chef qui a appelé clairement hier à ne pas voter pour Marine Le Pen et l’extrême droite le 24 avril. Le PS espère aussi se refaire la fraise pour les législatives et, tout comme LR, va au devant de problèmes financiers puisque ces deux partis n’ont pas atteint le seuil de remboursement de la campagne (5%).

Pour Emmanuel Macron et Marine Le Pen, tout va bien, merci pour eux. Comme prévu par les sondages, ils vont se retrouver pour un nouveau bras de fer, le premier disposant d’une réserve de choix grâce aux candidats qui appellent à faire barrage à l’extrême droite, la seconde bénéficiant du report de 7 % d’Eric Zemmour, des 2,1 % de Dupont Aignan et sans doute de « transfuges » venant de l’aile droite de LR qui ont montré une perméabilité aux idées du Rassemblement national et sont des adeptes du « tout sauf Macron ». Les deux vainqueurs du 1er tour n’ont pas attendu pour débuter la campagne du second car ils savent de la lutte sera serrée. Les instituts sondagiers créditent le président sortant de 54 % et Marine Le Pen de 46 %, autant dire un coude à coude compte tenu de la marge d’erreur…

Quant à Eric Zemmour, qui comme polémiste professionnel a bénéficié d’une grande visibilité pendant des mois dès avant la campagne, il réalise 7 % des suffrages,
ce qui peut être considéré comme un résultat correct, mais le plus bas espéré par le candidat. Sans ancrage territorial et partant de zéro, son néo parti réussira t-il une percée aux législatives ?

L’écologiste Yannick Jadot, l’inclassable Jean Lassalle, et les candidats de gauche Roussel, Poutou et Arthaud restent à un niveau symbolique, sous la barre des 5 %.

La troisième mi-temps se jouera le soir du 24 avril lorsque les partis désigneront leurs candidats pour le Palais Bourbon. Cette fois-ci, quelque soit le nouveau président, il pourrait bien ne pas y avoir d’automaticité de vote pour donner une majorité au nouvel élu.

Les résultats d’hier, en renvoyant au vestiaire les partis qui ont gouverné la France pendant 50 ans, ouvrent une nouvelle page politique dans notre pays maintenant que les électeurs ont tranché parmi douze candidatures. Ce n’était à priori pas encore suffisant pour attirer les abstentionnistes, qui ne manqueront pas de crier à la dictature ou au déni de démocratie à la première occasion...


Jean-Michel Chevalier