Cyril Piazza : Faire en sorte « que ce territoire soit connu et reconnu »


Economie


29 avril 2022

Maire de Peille depuis 2014, Cyril Piazza a été élu en novembre président de la Communauté de communes du Pays des Paillons pour laquelle il a beaucoup d’ambition.

Quels sont vos objectifs en tant que président de la Communauté de communes du Pays des Paillons (CCPP) ?

- Les objectifs, c’est que l’on puisse vivre et travailler au Pays des Paillons et que ce territoire soit connu et reconnu. C’est un territoire magnifique, qui comporte 11 communes, des villages pittoresques, une zone d’activités somme toute conséquente par rapport à la taille des territoires et qui a aussi deux acteurs internationaux : les ciments Lafarge et les ciments Vicat. Aujourd’hui les ciments Lafarge s’en vont petit à petit. A eux deux, ce doit être environ 140 emplois directs et en termes d’emplois induits, ils doivent représenter 800 emplois.

Quelles sont les activités qui perdurent à l’usine Lafarge ?


- Elle a encore deux activités. Il y a d’abord une activité de remplissage de la carrière, sur le plateau supérieur ou zone 3. Il fallait reboucher l’extraction de pierres donc on fait du dépôt de déchets inertes, de la terre en fait, issue des terrassements. Il y a aussi une petite activité de rotation de ciment. Il y a du ciment qui arrive en gros et qui repart en quantité moins importante vers des distributeurs locaux. Mais c’est très léger. Je crois qu’ils vendent sur le site aujourd’hui en un mois ce qu’ils vendaient en un jour avant. L’activité complète mobilise cinq personnes.

Les personnes ayant perdu leur emploi ont-elles retrouvé quelque chose ?

- Les personnes qui ont perdu un emploi dans la cimenterie Lafarge avait toute une compétence. Retrouver un emploi quand on a une compétence technique reste quelque chose d’accessible. Il s’agissait de métiers bien spécifiques : des électro-techniciens, des mécaniciens, des gens de l’industrie qui avaient tous un vrai savoir-faire et ce savoir-faire est transposable partout. Cela a permis de vraiment amortir le coût social. Les emplois indirects liés au transport se sont répartis vers d’autres sites.

Quels sont les projets de la CCPP vis-à-vis du site de Lafarge ?

- On aimerait bien récupérer le plateau intermédiaire, le plateau n°2, sur lequel il y avait l’outil industriel en lui-même, pour pouvoir y porter un aménagement, plutôt orienté vers le secteur secondaire, c’est-à-dire vers des activités de production, et s’inscrire aussi dans une logique nationale de réindustrialisation et de réimplantation des outils industriels. Mais c’est un enjeu difficile, parce qu’au-delà de la réimplantation d’outils industriels, il nous faut avoir les filières de matière première. Il y a une réflexion à mener. L’objectif serait aussi d’avoir un peu d’activités quaternaires, liées à la technologie d’internet, c’est l’avenir. On aura la fibre dans quelques années et on peut très bien imaginer avoir une zone d’activités d’excellence. En espérant que les ingénieurs ou les opérateurs souhaitent s’installer et vivre chez nous. Avec tous les institutionnels, nous voulons essayer de porter un projet qui soit cohérent, moderne et responsable. L’idée est de récupérer au moins autant que ce qu’on aura perdu avec le départ du cimentier.

Le site Lafarge, à gauche, pourrait être métamorphosé dans quelques années selon les projections de l’entreprise Es-pace. ©Es-pace

De quoi dépend le fait de récupérer ce plateau 2 ?

- Cela dépend du groupe Lafarge et cela dépendra également de notre capacité à nous mobiliser, à savoir utiliser les outils à notre disposition pour tirer notre épingle du jeu. C’est un sujet complexe parce qu’il ne peut être abordé qu’avec le maire de Contes parce que la commune de Contes a la compétence d’urbanisme. Nous avons la compétence de développement économique. Ces terrains aujourd’hui sont à activité exclusivement cimentière. Il faudra certainement changer le plan local d’urbanisme et il faudra que Lafarge soit d’accord pour vendre à un prix raisonnable qui permette de porter une opération pour que tout le monde soit gagnant. C’est un bel enjeu. Ensuite, la communauté de communes s’est positionnée sur la zone n°1, tout en bas, en bord de départementale, où il y a cette petite activité qui perdure, pour essayer de faire un village d’entreprises. Ce qui serait très bien. Les entreprises trouveraient toutes les facilités autour d’elles.

Et en ce qui concerne le plateau n°3 ?

Une fois qu’il sera bouché, la vraie question, et on en parle tout le temps avec le maire de Contes, c’est de se dire : est-ce que ce ne pourrait pas être un endroit de détente, de sport et de loisirs ? On aurait un plateau plat et on pourrait envisager quelque chose d’un peu plus ambitieux qu’une ferme photovoltaïque par exemple. Mais il faudra que les pouvoirs publics nous suivent. On a déjà inscrit ce projet au contrat de plan Etat-région et on attend d’être soutenu. On a essayé de mobiliser tout le monde : le Département, la CCI…

D’autres projets ?

Il faut que l’on réfléchisse à une économie qui soit orientée vers du tourisme durable. C’est l’une des clés. Pour la première fois, la communauté de communes a participé à une campagne nationale avec le comité régional du tourisme (CRT) soutenu par le Département des Alpes-Maritimes. Il y a peut-être une potentialité à Peira Cava (village qui dépend de Lucéram) avec cette station verte et familiale que veut Monsieur le maire.

Les départs de Châteauneuf-Villevieille et Drap pour la Métropole Nice Côte d’Azur ont-ils été un coup dur pour la CCPP ?

Aujourd’hui, je ne peux pas vous dire si c’est un coup dur. On est en train de discuter du partage de l’actif et du passif. On sera fixé courant septembre. On connaîtra alors l’impact concret de ces départs. C’est le choix des communes, on respecte leur choix. (…) C’est dommage qu’ils ne participent pas à l’aventure de Lafarge.

Les projets pour le « plus curieux village des Alpes-Maritimes »

L’Hôtel de ville de Peille ©S.G

L’œil du voyageur est inévitablement attiré par cette mention inscrite sur le panneau à l’entrée du village mais d’où vient-elle ? « C’est un préfet qui un jour est venu à Peille et en partant a dit au maire de l’époque, je ne sais plus si c’était Victor Nicolaï ou Marcel Montagne : Peille est le plus curieux village des Alpes-Maritimes. Le maire l’a mis sur le panneau et depuis, on a maintenu la tradition ! », explique Cyril Piazza, qui sait pouvoir compter sur la configuration atypique de son village, dans les ruelles duquel il est plaisant de se balader, de s’y perdre même. « On cherche à développer le tourisme, on a mis en place le circuit des QR codes (12 QR codes placés sur les bâtiments, édifices et lieux historiques, depuis le 29 mars, ndlr), on cherche à avoir des idées un peu innovantes », souligne-t-il. « Pendant les périodes de vacances scolaires, on a toujours beaucoup de gens qui viennent divaguer ici, passer une après-midi au cœur du village médiéval ». Afin de pouvoir accueillir les visiteurs, « il y a la construction d’un parking important » en cours. Et parmi les autres projets : « On va inaugurer la salle intercommunale de La Grave-de-Peille. On va accueillir un artiste. On est toujours en mouvement ».

La CCPP en trois chiffres

11 communes : Bendejun, Berre-les-Alpes, Blausasc, Cantaron, Coaraze, Contes, L’Escarène, Luceram, Peille, Peillon, Touët-de-l’Escarène

21 565 habitants

38 membres au sein du Conseil communautaire, dont le président Cyril Piazza (maire de Peille) et les neuf vice-présidents : Francis Tujague (maire de Contes), 1er vice-président ; Pierre Donadey (maire de l’Escarène), 2ème ; Maurice Lavagna (maire de Berre-les-Alpes), 3ème ; Michel Lottier (maire de Blausasc), 4ème ; Gérard Branda (maire de Cantaron), 5ème ; Jean-Marc Rancurel (maire de Peillon), 6ème ; Joël Gosse (maire de Bendejun), 7ème ; Michel Calmet (maire de Lucéram), 8ème ; Monique Giraud-Lazzari (maire de Coaraze), 9ème ; et Noël Albin (maire de Touët-de-L’Escarène), 10ème.


Sébastien Guiné