Stupeur et pressentiments téléphoniques


Economie


5 mai 2022

L’edito hebdo de notre directeur de la rédac pour bien finir la semaine

Le suspense est insoutenable. à en croire les confidences des gazettes, d’aucuns prennent déjà leurs désirs pour des réalités en faisant courir le bruit qu’ils (elles) sont pressenti(e)s) pour Matignon. Compte-tenu de l’état de l’opinion, de celui des finances, de la guerre en Ukraine, des réformes forcément impopulaires, de la crise sanitaire qui-n’a-pas-encore-dit-son-dernier-mot, de la judiciarisation à outrance de la vie politique, du prix du litre de carburant et de celui du Romanée-Conti, de l’inflation qui est de retour, il est quand même surprenant que des candidats potentiels restent près du téléphone à attendre un hypothétique appel de l’Élysée pour occuper le fauteuil bientôt laissé vacant par Jean Castex. Le profil idéal : un homme (ou une femme) qui aurait des nerfs d’acier et le dos large pour affronter un proche avenir incertain.
Courage !

C’est à un remix de "Je t’aime, moi non plus" auxquels se livrent les futurs partenaires de gauche. D’un côté les Insoumis, forts du score de Mélenchon à la présidentielle, de l’autre les socialistes qui arrivent avec en bandoulière le résultat ridiculement riquiqui d’Hidalgo. Après avoir soufflé le chaud et le froid, un accord a finalement été trouvé entre les deux formations. Un accord toutefois dénoncé par plusieurs personnalités du PS, dont François Hollande. Si la coalition Insoumis + socialistes + les communistes + écolos "se fait élire" à Matignon, cela promet déjà, comme la gauche en a le secret, des palabres à n’en plus finir.

Comme la députée azuréenne Marine Brenier, qui a annoncé quitter LR, pas mal d’élus du parti de Christian Jacob se sentent soudainement attirés par une aventure macroniste. Ils prépareraient leurs valises vers un futur qui leur paraît plus radieux que la sombre perspective de passer les cinq prochaines années sur les bancs de l’opposition. Le parti est encore loin d’avoir soldé tous les comptes - pas seulement financiers - et dans ses rangs la question la plus fréquente actuellement est : "et lui, il part ou il reste ?" Pas évident de se refaire une santé pour Les Républicains, qui risquent une explosion définitive en cas de nouvelle déroute dans les urnes.

Chez les Macronistes, on a remisé les coupes et les bouteilles de la victoire et l’on se préoccupe des législatives. Avec inquiétude. Car si des élus LR et même des anciens du PS comme Manuel Valls peuvent être tentés de rejoindre les rangs du président, il n’y a aucune certitude que ce qui est présenté à tort comme le "3ème tour" apporte une nouvelle onction populaire aux Marcheurs.


Jean-Michel Chevalier