Le thermomètre électoral a chauffé dans les Alpes-Maritimes


Politique


20 juin 2022

Des résultats inattendus qui recomposent le paysage politique local

Ce lundi midi à Nice, le canon n’a peut-être pas annoncé que le milieu de journée. Hier soir, les électeurs azuréens ont chamboulé l’échiquier politique local. Ce n’est pas la participation toujours plus en baisse qui a fait monter la température des permanences électorales mais les résultats qui sont tombés et qui ont recomposé le paysage électoral de notre département.

Quelques gagnants, beaucoup de perdants

Tout d’abord, la gauche n’est toujours pas représentée dans notre département. Malgré le candidat NUPES - Enzo Giusti - qualifié au 2ème tour dans la 3ème circonscription et toutes les forces jetées dans la bataille, c’est Philippe Pradal qui remporte l’élection. Depuis plus de sept ans la gauche était en voie d’extinction dans le sud de la France après son retrait aux élections régionales successives.
Et il est bien le seul candidat d’Horizon, Philippe Pradal, dans le département et surtout le seul parmi les trois candidats niçois soutenus par Christian Estrosi à siéger maintenant à l’Assemblée Nationale.
Christian Estrosi est peut être le grand perdant local de cette élection. Il avait tout mis en oeuvre pour faire battre Eric Ciotti qui a réussi à remporter pour la 4ème fois la 1ère circonscription des Alpes-Maritimes face à Graig Monetti Aux côtés de Christelle d’Intorni qui a renversé Marine Brenier dans la 5ème circonscription, ils incarnent la résistance Les Républicains contre la « Macronie » et ses alliés azuréens. C’est sûrement pour Eric Ciotti une de ses plus dures mais plus belles victoires politiques. Que ses prochaines ambitions soient locales ou nationales, il semble déterminer à assumer tous ses choix.
De l’autre côté du département, comme un paradoxe avec le contexte national, Michèle Tabarot est réélue pour la 5ème fois dans la 9ème circonscription, comme Eric Pauget qui est réélu pour un deuxième mandant dans la 7ème circonscription.

Dans la 8ème circonscription, le score est sans appel pour Alexandra Martin qui devient députée pour la première fois dans la 8ème circonscription avec tout le poids de son suppléant David Lisnard qui n’est « que » Maire de Cannes et Président de l’Association des Maires de France.

Les grands gagnants de ces élections législatives sont les candidats Rassemblement National. Car si sur tout le territoire français 89 députés RN vont siéger dorénavant dans l’hémicycle, il y aura 3 nouveaux députés maralpins. Une première depuis les législatives à la proportionnelle de 1986. Avec d’un côté des historiques comme Lionel Tivoli dans la 2ème circonscription, des jeunes pousses, Bryan Masson, 24 ans, dans la 6ème circonscription et Alexandra Masson qui bouscule les lignes dans la 4ème circonscription.

Alors peut-on parler de Front Républicain quand au 2ème tour des élections ? On ne peut plus parler de digues ou de cordons sanitaires. Les électeurs sont devenus plutôt pragmatiques et plus que jamais libres de leur vote. Les élus ne peuvent plus appeler au loup tant ils ont oeuvré pour changer les barrières. En tout cas, le plafond de verre où le parti de Marine Le Pen se heurtait à chaque 2ème tour des élections a été largement brisé. Le RN, élection après élection, s’inscrit dans le paysage politique français et dans les institutions. Leurs candidats deviennent élus locaux puis nationaux.

Comme pour le résultat de l’élection présidentielle, ce paysage politique national se recompose en trois blocs assez équilibrés mais qui au gré de « petites » alliances peut donner une illusion de victoire.
Est-ce qu’à la première vague le navire ne risque pas de chavirer ? Il faudra sûrement un peu plus qu’un ennemi commun pour gagner. Tout l’enjeu est de faire retourner aux urnes les électeurs et les intéresser de nouveau à la politique mais pour le moment ce n’est pas la trajectoire apparente.

Le grand défi du deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron va être de mettre en oeuvre une politique gouvernementale avec une Assemblée nationale composée de groupes très divers dont aucune majorité n’émerge. Un scénario digne d’une quatrième République. Certains annonçaient en cas de retour du scrutin à la proportionnelle ce scénario.
La réalité a rattrapé la fiction.
Cette situation permettra-t-elle au final de replacer l’Assemblée Nationale au coeur des institutions républicaines de notre pays et de redonner enfin aux députés tout leur rôle dans la vie politique française ?


TAZE OLIVIER