Madère, une émeraude sur l’Atlantique


Culture


24 juin 2022

Un gros caillou et quelques plus petits forment l’archipel de Madère.

En plein Atlantique, à presque mille kilomètres à vol d’oiseau de Lisbonne et à 640 kilomètres au large des côtes marocaines, un gros caillou et quelques plus petits forment l’archipel de Madère.

L’île principale se présente comme une émeraude au milieu de l’océan, verte comme sait l’être l’Irlande. Coin perdu, où de rares bateaux font escale, loin de l’agitation du monde : c’est pour cela que l’on s’y sent tout de suite à son aise. Nonchalance et douceur de vivre, lumière, jardins rigoureusement
peignés. On est pris par le charme si particulier de ce gros caillou posé sur l’eau.
Pour les 270 000 habitants de l’île, la canicule est une notion abstraite : la température est toujours clémente, jamais moins de 13 degrés en moyenne en janvier, jamais plus de 25 degrés en août. Heureux pays ! Pas étonnant que Winston Churchill y soit venu après guerre pour s’y reposer, peindre des aquarelles et aussi y écluser quelques verres bien tassés.

Saudade, bacalahau, fleurs...

Chaque coin cultivable est ici... cultivé. ©JMC

Mais Madère n’est pas une destination de farniente. Ses côtes sont brutales, vivement découpées, offrant de rares plages encailloutées ou de sable noir. Le rocher plonge dans l’océan et, pour la baignade, mieux vaut compter sur la piscine de l’hôtel ou sur celles, naturelles, du nord de l’île...
Pour le reste, c’est le paradis des marcheurs. L’émeraude océane est parcourue par de nombreux sentiers, souvent escarpés, traversant des paysages grandioses, presque tropicaux. Un paradis pour les randonneurs aguerris, parce que cela grimpe... beaucoup. Les plus dilletantes choisiront de suivre les "levadas", ces canaux d’irrigation qui vont chercher l’eau dans la montagne pour la conduire "en bas", dans les jardins cultivés autour de chaque maison et abreuver des milliers et des milliers de bananiers.
La première journée vous conduira forcément sur le cabo Girao, énorme falaise dominant Funchal (si vous êtes malins, vous emprunterez le téléphérique). Vos efforts seront récompensés : le belvédère au sol en verre offre une vue... plongeante de 585 mètres au dessus de l’océan. Vertigineux, grandiose !
Funchal a des airs de ville de province, les pieds dans l’eau. Elle grimpe d’abord doucement puis de plus en plus fort sur le flanc de montagnes bosselées. Avoir une vue "mer" n’est ici pas un privilège. La ville est "saudade", mélange de tranquillité et de poésie avec une pointe de nostalgie toute portugaise. Elle regrette peut-être de n’être pas davantage "samba" comme de l’autre côté de l’horizon. L’influence exotique y est pourtant forte, une promesse.

Il ne faut surtout pas manquer de visiter les jardins situés tout en haut de la ville (via un autre téléphérique), en tous points exceptionnels, exubérants.

On y comprend pourquoi Madère est aussi surnommée l’île aux fleurs

Les botanistes trouveront une source inépuisable d’émerveillement avec des plantes et des arbres infiniment variés et colorés, et qui poussent haut dans le ciel.
En passant à table, on ne pourra pas éviter le poisson pêché localement (thon frais à 4 euros le kilo au marché) et bien sûr l’inévitable sabre noir que l’on retrouve à toutes les sauces, et même en salé sucré aux fruits de la passion.
Ajoutez l’amabilité légendaire des serveurs et des habitants, et vous comprendrez pourquoi après en être à peine partis, il vous tardera d’y revenir...


Jean-Michel Chevalier