Edito - Avec qui voulez-vous danser ?


Economie


24 juin 2022

L’edito hebdo de Jean-Michel Chevalier

Pas de majorité absolue, et alors ?
Même si les institutions ont été taillées sur-mesure pour contourner la situation que nous connaissons depuis dimanche soir avec une majorité (très) relative, les exemples fournis par nos voisins européens
(Allemagne, Belgique, Italie) prouvent que les alliances, coalitions, troïkas et autres attelages peuvent malgré tout conduire le char d’un état. On a ainsi vu des mariages de raison plus que de passion entre la carpe et le lapin qui se sont finalement entendus sur un bout de programme malgré leurs différences... jusqu’à la crise à peu près inévitable et la prochaine refondation d’un nouvel accord politique pour gouverner sur des valeurs communes. Les extrêmes sont généralement tenues à l’écart de cette chimie fine et explosive.
La constitution de 1958, si décriée par François Mitterand lorsqu’il était dans l’opposition, avant qu’il n’y trouve son compte une fois installé à l’Élysée en temps de cohabitation, n’apporte pas de solution "clé en main" à la "chienlit" présente. Il faut donc composer pour éviter la paralysie. Le pari manqué du président plonge son camp - et le pays - dans la difficulté. Pour arriver à une coalition, il faudrait que chacun soit capable de mettre un éteignoir sur sa modestie et sur une partie de ses convictions pour s’accorder sur le plus petit dénominateur commun. Laisser son égo au vestiaire en quelque sorte, dans l’intérêt supérieur de la Nation.

La NUPES, Les Républicains et le RN ont aujourd’hui la possibilité de bloquer le système. Après avoir été tant snobés pendant les deux campagnes électorales, la tentation de vengeance est grande au sein de ces groupes qui se réunissent sur une détestation de la Macronie et de son chef. Bien sûr, ce n’est pas dit comme cela, mais si ces groupes restent sur leurs positions de principe et sur les propositions les plus dures de leurs programmes, l’exécutif sera alors dans l’impossibilité d’exécuter et la crise de régime sera inévitable.
Avec des conséquences incalculables.

Il faut donc que chacun prenne ses responsabilités, majorité malmenée comme oppositions, car si le pire n’est pas certain, il reste malgré tout probable.
Le président, passé à côté du phénomène gilets jaunes, ne pourra pas cette fois se contenter d’un pansement superficiel. Il devra aborder au fond les difficultés du pays, les angoisses des Français face à une inflation qui dévore leur pouvoir d’achat. Ceux, nombreux dans les campagnes, qui se chauffent au fioul, ceux des villes qui consomment du gaz et se demandent comment ils réussiront à passer l’hiver. Nos voisins belges ont certes réussi à vivre plusieurs mois sans gouvernement. Mais ils ont aussi un sens de l’humour qui fait défaut aux Gaulois réfractaires lorsqu’ils sont en colère...

J.-M. CHEVALIER


Jean-Michel Chevalier