Au Domaine de Favanquet, on cultive le respect de la terre


Economie


28 juin 2022

Depuis quelques années, de nombreux domaines entreprennent leur conversion à l’agriculture biologique.

Mais au de-là de ce label, il y a des hommes et des femmes qui ont le souhait d’être intègres avec leurs convictions et une démarche à l’écoute de l’environnement et de notre bien-être.

Pierre Mosser, associé exploitant du Domaine à La Londe-les-Maures, a longtemps travaillé dans l’enseignement. Lorsqu’il découvre le Domaine, il en tombe amoureux dès le premier regard. Et sa rencontre avec Muriel, Charlotte, Christophe et Jacky finit par le convaincre, partageant la même philosophie de la viticulture, du respect du vivant et de l’amour de la terre. Dans sa philosophie, Pierre tient à travailler dans le respect de la nature, en mécanisant le moins possible. Ainsi, le Domaine prend le temps de planter à la main, et ses exploitants retrouvent le plaisir de travailler ensemble et de partager des moments conviviaux. Et, avec une plantation à la main, le Domaine produit un meilleur enracinement à long terme des pieds de vigne.

Pierre Mosser, viticulteur et œnologue, répond aux questions des Petites Affiches du Var.

Où en est la reconversion en bio ?

PM. Nous travaillons tout en bio depuis presque deux ans. Mais avant de pouvoir parler de vin bio, il y a un temps de reconversion à respecter de trois ans. Notre première cuvée bio sera pour 2023. En viticulture biologique, le travail et l’entretien des sols sont primordiaux. Nous devons suivre l’évolution de la vigne et être réactifs pour intervenir quand il le faut. Le travail dans les vignes prend une autre dimension avec la conversion biologique. cela demande d’être encore un peu plus à l’écoute de la symbiose avec notre végétal. Dans l’agriculture biologique, nous n’utilisons pas de produits chimiques de synthèses, ni de désherbant et nous avons un cahier des charges à respecter. Tous les produits utilisés sont naturels. Pour nous, la conversion bio est une étape indispensable pour le futur. C’est pourquoi, nous avons fait le choix d’aller plus loin avec une démarche agroécologique.

Ce qui signifie ?

PM. L’agroécologie réconcilie l’environnement et l’écologie. C’est une façon de concevoir des systèmes de production qui s’appuient sur les fonctionnalités offertes par les écosystèmes et qui favorise la biodiversité et rend les sols plus fertiles. Avec l’agroécologie, au lieu d’épuiser les sols, nous les enrichissons naturellement pour l’avenir. Nous diminuons les pressions sur l’environnement (réduction des émissions de gaz à effet de serre, limitation des produits phytosanitaires) et nous préservons les ressources naturelles. Il s’agit d’utiliser au maximum la nature comme facteur de production en maintenant ses capacités de renouvellement.

Comment le Domaine s’inscrit-il dans cette démarche ?

PM. Par exemple, on essaye de favoriser une plus grande biodiversité pour recréer du vivant. Nous redonnons aux végétaux et aux insectes la place qui est la leur.
Ainsi, les herbes que nous laissons pousser ou que nous plantons entre les rangs de vignes, lorsqu’elles pourrissent, nourrissent les sols. Avec cette méthode, les insectes prolifèrent, les vers de terre aèrent la terre et les herbes font office de paillage pour retenir l’humidité, limitant l’arrosage en cas de sécheresse. Nous avons déjà planté plus de 50 arbres sur le domaine, ce qui permet de couper le vent, rafraîchir l’air, créer des abris pour la faune et embellir le domaine. Nous avons la présence d’un apiculteur et nous travaillons avec un berger. Enfin, nous avons comme projet de devenir un refuge LPO.

Ces démarches s’intègrent dans une volonté de protection de la nature, la qualité du vin et son goût bénéficient des bienfaits de cette vision. En favorisant le maintien des spécificités des terroirs, on s’éloigne de l’uniformisation qui guette le monde agricole et viticole. Un vin, c’est avant tout une terre, un ensoleillement, une situation géographique propre à chaque domaine. En laissant la nature effectuer son travail, on retrouve le goût propre à un terroir. C’est bien ce que nous recherchons tous aujourd’hui, exploitant ou consommateur, c’est à dire retrouver goût de l’authenticité !


Gilles Carvoyeur