Babeth s’en va en guerre


Economie


7 juillet 2022

Ce n’est pas du droit au sens strict mais de la simple arithmétique politique : il manque 39 députés pour que la majorité déjà "présidentielle" devienne "absolue" et puisse gouverner sans risquer de se faire retoquer le premier texte venu au coin du bois. Mais les observateurs qui savent observer font remarquer que les députés ne sont pas toujours tous présents dans l’Hémicycle au moment du vote, et qu’il n’est donc pas besoin d’être 289 en séance pour faire adopter un texte. Le calcul de la majorité se fait sur les suffrages exprimés, autrement dit 51 députés présents sont "suffisants" s’il n’y a que cent élus dans le palais Bourbon.
Mais la majorité à la fois présidentielle et relative doit bien être consciente qu’il s’agit là d’une arme à double tranchant. Car dans la dernière mandature, largement dominée par LREM, le parti du président s’est ainsi fait surprendre en minorité pendant une séance. Les oppositions avaient, finement et sournoisement, profité d’un instant de pause pipi-buvette pour mettre la majorité en minorité... Cela ne sert pas à grand chose, bien sûr, sauf à faire ricaner les mauvais esprits...

Réclamer la confiance à l’Assemblée après le discours de politique générale comme il en est d’usage aurait constitué un geste plein de panache mais aussi assez casse-figure. Un risque inutile, a jugé Élisabeth Borne, qui aura bien d’autres chats à fouetter dans les semaines et les mois à venir. Car si la confiance "ne se décrète pas" mais "se construit" au fur et à mesure comme le rappelle Olivier Véran, qui maîtrise à l’évidence les éléments de langue de bois, elle aurait adoubé et crédibilisé ce gouvernement qui a devant lui des montagnes de difficultés, entre la crise sanitaire qui reprend, celle d’Ukraine qui se poursuit, les comptes publics dans le rouge vif, et les réformes promises qu’il faudra réaliser. Le chemin de la Première ministre sera semé d’embûches et de peaux de banane. En acceptant Matignon, elle le savait, mais elle n’imaginait sans doute pas ne pas disposer

Les Insoumis, qui bien que peu nombreux furent des "ambianceurs" de la précédente législature, n’ont pas attendu longtemps pour se rappeler à notre bon souvenir. Dès avant même le discours de politique générale, ils ont annoncé déposer une motion de censure pour faire tomber le gouvernement. Aucune chance de réussite dans cette entreprise, bien sûr, à moins que les voix du RN et de LR viennent en soutien, ce qui est au-delà d’improbable.
Les postures et la politique politicienne ne se sont pas évanouies avec les derniers scrutins, il serait quand même temps de passer aux choses sérieuses...

J.-M. CHEVALIER


Jean-Michel Chevalier