Discussions caniculaires


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28 juillet 2022

L’édito hebdo de Jean-Michel Chevalier

Le répit n’aura été que de courte durée. On ne parle pas ici du tir des missiles russes sur le port d’Odessa, quelques heures seulement après un accord entre les belligérants, pour livrer le blé ukrainien vers les pays d’Afrique affamés. Non, on pense à une autre guerre, de tranchées elle aussi, et avec de l’artillerie bien lourde : celle que se livrent les députés à l’Assemblée.
Donc L’Élysée et Matignon ont (peut-être) sablé le champagne un peu trop vite après l’adoption de la loi sur le pouvoir d’achat. Elle a été votée vendredi aux premières heures de la matinée (à 5h48 selon le compte rendu) après une longue nuit de bataille de chiffonniers. Mais pour la majorité, se réjouir du ralliement des députés LR sur ce texte était à tout le moins prématuré puisque les mêmes ont renvoyé l’exécutif dans ses cordes en votant, avec la Nupes et le RN, un amendement sur la compensation par l’état de la hausse du RSA contre l’avis du gouvernement. Ultime affront, les députés d’Édouard Philippe ont contribué à obscurcir l’horizon de l’exécutif en se joignant à cet amendement. Et c’est ainsi que la majorité, déjà relative, est devenue aussi à géométrie très variable.

Comme à la passerelle des paquebots, des journalistes sont de veille la nuit au palais Bourbon pour suivre les débats. Avant les dernières législatives, il faut reconnaître que l’atmosphère était plutôt ronronnante sur les bancs de la presse sur le coup des 3 heures du matin lors de l’étude d’un quelconque amendement de l’opposition dont chacun savait bien qu’il n’avait aucune chance de passer. Mais depuis l’arrivée des nouveaux élus, l’ambiance est devenue beaucoup plus rock n’ roll : "Fachos !", "ayatollahs verts !", "incompétents !", "gauche pastèque !" et autres compliments fleuris s’élèvent de toutes parts des gradins ont relevé les confrères accrédités. Qui, du coup, sont beaucoup plus vigilants. Courage les amis, les vacances parlementaires finiront bien par arriver !

L’IGPN - les "bœufs carottes" - a publié un rapport de 116 pages recensant un peu plus d’un millier de saisines pour des "fautes" réelles ou supposées des policiers. Le chapitre concernant l’usage des pistolets électriques nous apprend qu’ils ont été utilisés à 2 699 reprises l’an passé, soit deux fois plus qu’en 2017. Pour détendre l’atmosphère pendant les interpellations et autres contrôles d’identité, nous suggérons ("respectueusement" comme on dit en langage administratif) au prochain préfet de police d’équiper ses hommes de pistolets à eau par temps de canicule. On dit bien "pistolet" et non pas "canon à eau", car il faut économiser la ressource par ces temps de sécheresse...


Jean-Michel Chevalier