On nous prend assurément pour des bécasses


Economie


4 août 2022

Chasse à la glu, piégeages et autres chasses "traditionnelles" et barbares feront-elles leur retour en France pour l’ouverture alors que les populations d’oiseaux sauvages s’effondrent dramatiquement sous l’effet des insecticides, de la disparition des habitats naturels et de la sécheresse (entre autres raisons) ? Cette perspective ne semble pas troubler outre mesure le gouvernement qui, s’asseyant pesamment sur le droit européen interdisant ces pratiques, vient de mettre en consultation au Conseil d’État plusieurs projets d’arrêtés pour voir, si des fois, tout de même et pourquoi pas, il ne serait pas possible de capturer des vanneaux huppés et des pluviers dorés à l’aide de filets dans les
Ardennes, ou des alouettes des champs en Gironde toujours avec des filets ou des cages, etc.
Pourtant, en octobre dernier, le juge des référés du Conseil d’État, saisi en urgence par les défenseurs de la nature, avait été très clair en suspendant des arrêtés gouvernementaux autorisant des chasses d’oiseaux "traditionnelles".
D’autre part, la directive européenne de 2009 interdit les techniques de capture massive sans distinction d’espèces. Sauf dérogation, si elle est dûment motivée, et dès lors "qu’il n’existe pas d’autre solution satisfaisante".
"Satisfaisante" : les vanneaux huppés entortillés dans les filets avant que l’on ne leur torde le cou apprécieront…

Nous pouvions espérer qu’en changeant de titulaire le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires rectifierait en urgence cette exception française "traditionnelle". Mais l’on reste transi devant ce manque de conscience écologique qui fait préférer un lobby - celui des chasseurs en l’occurence - à la protection de la nature et des oiseaux. Ce n’est pas la cohésion que nous espérions.
"Le second quinquennat écologique d’Emmanuel Macron n’a pas duré longtemps" ironise tristement Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue de Protection des Oiseaux.
Question : à quoi sert aujourd’hui Christophe Béchu, ministre d’une écologie en transition, qui ne s’offusque pas publiquement de ces "traditions" au nom desquelles on pourrait aussi continuer à brûler de supposées sorcières ? Ne rien dire, c’est consentir, et en la matière cela ne fait qu’apporter de l’eau au moulin de ceux qui manifestent.
Depuis Michel Audiard on sait qu’il ne "Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages" mais l’on constate que l’on nous prend aujourd’hui vraiment pour des bécasses.
Il reste à espérer pour les oiseaux que les conseillers d’état ne raffolent pas du pâté d’alouette...


Jean-Michel Chevalier