Pétrole : à qui profite la crise…


Economie


4 août 2022

2022 est une année de crise. Mais pas pour tout le monde.

Guerre en Ukraine, frictions géopolitiques, inflation, tensions énergétiques, vagues de chaleur : 2022 est une année de crise. Mais pas pour tout le monde.

Les grands groupes pétroliers tirent bien leur épingle du jeu, à l’image de TotalEnergies qui a annoncé un bénéfice record de 5,7 milliards au deuxième trimestre, c’est-à-dire au moment où le prix du gasoil et de l’essence sans plomb flambaient après l’invasion de l’Ukraine par les Russes.
Son résultat étant en hausse de 60 % par rapport à 2021, TotalEnergies a consenti une ristourne à la pompe pour les automobilistes. C’est évidement apprécié, mais aussi le moyen d’éviter une taxe sur des « super profits » au moment où ménages et entreprises sont obligés de se serrer la ceinture.

Les autres géants pétroliers ne sont pas en reste

La compagnie anglo-néerlandaise Shell a enregistré un bénéfice de 11,5 milliards de dollars d’avril à juin, soit plus du double de celui réalisé à la même période de l’an passé. La situation est même encore plus profitable aux groupes américains ExxonMobil et Chevron, qui ont vu leurs profits plus que tripler, pour atteindre respectivement 17,9 et 11,6 milliards de dollars au deuxième trimestre.
À titre de comparaison, c’est plus que le bénéfice trimestriel moyen d’Amazon l’année dernière (8,3 milliards de dollars en 2021).

"Gagner plus d’argent que Dieu"

Mais, même au pays du capitalisme, les super résultats en période de crise se retrouvent dans l’œil du cyclone : Exxon et Chevron sont dans le collimateur de l’administration Biden qui leur reproche de ne pas faire suffisamment d’efforts financiers pour limiter la flambée des prix à la pompe (ils devraient imiter TotalEnergies...) Début juin, le président américain avait même ironisé à leur égard, en avançant qu’Exxon allait « gagner plus d’argent que Dieu » cette année. Le chancelier allemand, Olaf Scholz, s’est lui aussi exprimé de manière critique récemment, bien que de manière plus modérée. En juillet, il avait déclaré sur Twitter, « certaines entreprises réalisent des bénéfices particulièrement importants dans la situation actuelle, avec la hausse des prix de l’énergie. Ce n’est pas correct  ».

JM Chevalier et Tristan Gaudiaut (Statista)


Jean-Michel Chevalier